Allemagne: colère après l'attentat de Solingen, Olaf Scholz veut accélérer les expulsions des clandestins

Une Allemagne ébranlée. Trois jours après l’attaque au couteau qui a fait trois morts et huit blessés le vendredi 23 août à Solingen dans l'ouest du pays, la colère grimpe dans le pays. Perpétrée par un homme d'origine syrienne et revendiquée par l'organisation terroriste Daesh, l'agression a ravivé les débats sur l'immigration et la sécurité.

"Ils volent les places dans les crèches et les maisons de retraite, ils volent notre argent et nos appartements", a affirmé à l'AFP une employée dans les soins aux personnes âgées, résidente allemande depuis 20 ans. Selon elle, l'afflux de réfugiés dans la ville de Solingen est la cause de l'attentat au couteau. Un autre habitant, craint en revanche que l’attaque n’attise les divisions.

Et pour cause, dimanche, deux manifestations se sont fait face en centre-ville, celle de la Junge Alternative, mouvement de jeunesse de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), et celle d'opposants à l'extrême droite.

Un débat imminemment politique

Face à l’émotion suscitée par ce nouvel acte de violence, Olaf Scholz a annoncé vouloir durcir le ton sur l’immigration. Lors d'une conférence de presse organisée sur les lieux du drame lundi, le chancelier allemand a promis d’accélérer les expulsions des clandestins.

Selon une porte-parole du ministère de l’Intérieur, cette mesure s'inscrit dans un renforcement des contrôles aux frontières, mis en place –avec succès- il y a plusieurs mois.

De son côté, l'AfD, le parti d’extrême droite qui milite pour une répression de l'immigration, a profité de l'attaque pour mener sa campagne pour les élections régionales prévues le week-end prochain. Avec un slogan clair "Hoecke ou Solingen", l'un des candidats du parti, Bjoern Hoecke a sommé la population de choisir son camp.

Particulièrement aigu depuis les vagues migratoires de 2015, le débat sur l'immigration en Allemagne, a déjà ressurgi l'année dernière en raison d'une hausse des chiffres de l'immigration clandestine.

Un appel à l’apaisement

Alors que certains craignent une stigmatisation de tous les étrangers vivant en Allemagne et s'inquiètent des conséquences sur le modèle multiculturel du pays, le maire de la ville, Tim Kurzbach, a appelé lundi à l'apaisement. "Les débats doivent être menés ailleurs et pas sur le dos des habitants de cette ville", a-t-il lancé, après avoir dénoncé les tentatives d’instrumentalisation.

Il y a près de 30 ans, en 1993, Solingen avait été meurtrie par l'incendie de la maison d'une famille d'origine turque par de jeunes néo-nazis. L’acte raciste avait provoqué la mort de cinq femmes âgées de 4 à 27 ans.

L'auteur présumé de la tuerie de vendredi, qui s'est rendu aux autorités après un jour de cavale, est un Syrien de 26 ans, est arrivé dans le pays en décembre 2022, en contournant une mesure d'expulsion. Il était hébergé dans un centre pour réfugiés du centre-ville, situé près du lieu de l'attaque, et qui accueille aussi de nombreuses familles ukrainiennes ayant fui la guerre.

Article original publié sur BFMTV.com