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Allemagne/Coalition: La direction du SPD cherche à convaincre sa base

Le numéro un du Parti social-démocrate allemand (SPD), Martin Schulz, cherche à apaiser les craintes de la base du parti après l'accord préliminaire conclu avec les conservateurs en vue d'ouvrir des négociations formelles sur une nouvelle "grande coalition". /Photo prise le 15 janvier 2018/REUTERS/Wolfgang Rattay

par Madeline Chambers

BERLIN (Reuters) - Le numéro un du Parti social-démocrate allemand (SPD), Martin Schulz, cherche à apaiser les craintes de la base du parti après l'accord préliminaire conclu avec les conservateurs en vue d'ouvrir des négociations formelles sur une nouvelle "grande coalition".

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel, qui brigue un quatrième mandat de quatre ans, son alliée bavaroise l'Union chrétienne-sociale (CSU) et le SPD sont tombés d'accord vendredi dernier, à l'issue de cinq jours de difficiles "discussions exploratoires", sur un document de travail qui doit servir de base à leurs négociations.

Mais le SPD doit faire approuver cet accord par ses délégués lors d'un congrès extraordinaire dimanche. Même si le "oui" l'emporte, il faudra encore obtenir l'approbation de la majorité des 443.000 membres du parti, comme l'a promis Martin Schulz.

La tâche s'annonce rude pour la direction du SPD, accusée par de nombreux militants d'avoir trop cédé à la chancelière, notamment sur le dossier de la santé et sur celui des impôts.

Pour convaincre la base, Martin Schulz a entamé un tour d'Allemagne. "Notre devoir, c'est de regarder comment améliorer la vie de notre peuple", a-t-il déclaré mardi sur Facebook.

"Nous vivons dans le monde de Trump, de Poutine, d'Erdogan. Nous vivons dans un monde de dictateurs et nous devons retenir notre souffle devant leurs idées folles (...) Mais nous avons aujourd'hui l'occasion de rendre l'Europe un peu plus sociale, pacifique et juste."

Deux fédérations locales du SPD, celle de Saxe-Anhalt et celle de Berlin, ont déjà exprimé leur hostilité à l'accord actuel, notamment sur les questions de l'immigration et de l'intégration.

FORTES OPPOSITIONS

Les jeunes du SPD, les "Jusos", sont également opposés à une nouvelle coalition et leur chef Kevin Kühnert fait campagne à travers le pays pour le "non".

Martin Schulz essaie pour sa part de convaincre les délégués de Rhénanie du Nord-Westphalie, qui représentent plus du quart des 600 délégués au congrès de dimanche prochain.

Il peut déjà compter sur les syndicats et sur le Land de Brandebourg, qui se sont prononcés pour l'ouverture de négociations formelles.

Si le SPD n'accepte finalement pas l'idée d'une nouvelle coalition avec les conservateurs, une "grande coalition" qui a déjà fonctionné en 2005-2009 et 2013-2017, Merkel pourrait éventuellement diriger un gouvernement minoritaire, une idée peu prisée par une population avide de stabilité.

Une autre solution serait de convoquer de nouvelles élections, dans l'espoir peut-être utopique de dégager une majorité claire mais avec le risque de renforcer l'extrême droite.

Les élections législatives du 24 septembre dernier ont été marquées par une forte baisse de la CDU tandis que le SPD réalisait son pire résultat de l'après-guerre, à tel point que Martin Schulz avait dans un premier temps exclu tout nouvel accord avec les conservateurs afin que le parti "se refasse une santé" dans l'opposition.

Il s'était ravisé, notamment sous la pression du président fédéral Frank-Walter Steinmeier, après l'échec des négociations entre la CDU/CSU, les libéraux et les Verts.

Pour la plupart des observateurs, un rejet de la grande coalition signifierait très probablement le départ de Schulz de la tête du Parti social-démocrate.

(Avec Holger Hansen et Thomas Escritt; Guy Kerivel pour le service français)