En Allemagne, un ancien garde de camp de concentration condamné, “77 ans après”

“Condamné, soixante-dix-sept ans après.” Le jugement de Josef Schütz, un ancien gardien du camp de concentration de Sachsenhausen, fait la une de la Tageszeitung ce mercredi 29 juin. L’homme, âgé de 101 ans, est devenu le 28 juin le plus vieil accusé condamné pour des crimes nazis en Allemagne.

“L’ancien garde a écopé d’une peine de cinq ans de prison pour complicité dans les meurtres de plus de 3 500 personnes.” La justice considère qu’entre 1942 et 1945, Josef Schütz était “un complice volontaire du régime nazi”, ce que nie le centenaire. Le tribunal de Brandebourg-sur-la-Havel l’a condamné à une peine plus importante que le minimum légal de trois ans prévu pour de tels chefs d’accusation.

Coïncidence du calendrier, la condamnation de l’ancien garde était concomitante avec une autre actualité, relate le journal berlinois dans son édito publié en première page. “Le même jour, le Recherche- und Informationsstelle Antisemitismus (Rias, Centre de recherche et d’information sur l’antisémitisme) signalait 2 738 incidents antisémites recensés en Allemagne [en 2021].” Un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente, avec plus de 800 cas supplémentaires.

Un jugement essentiel

Le quotidien de gauche cite les deux informations et s’interroge sur les leçons que l’Allemagne a tirées de son passé nazi. “Il serait bien sûr trop simple d’établir un lien direct entre un camp de concentration nazi et les insultes et les agressions antisémites actuelles”, concède le titre, pour qui les antisémites d’aujourd’hui “ne prennent pas forcément en exemple des hommes comme l’ancien gardien de camp de concentration condamné”.

Toutefois, ils partagent toujours une haine des Juifs, qu’ils jugent “responsables de tous les maux imaginables” et qu’ils distinguent du reste de l’humanité.

“Ne serait-ce que pour cette raison, les derniers procès visant encore des criminels nazis présumés, près de quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, sont d’une cruelle nécessité.”

Le titre allemand estime que la condamnation de Josef Schütz n’a rien à voir avec d’éventuels risques de récidive et que l’âge de l’accusé n’est pas synonyme de circonstances atténuantes. Il conclut :

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