All We Imagine as Light : récompensé à Cannes, ce film indien est d'une infinie tendresse
De quoi ça parle ?
Sans nouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s'interdit toute vie sentimentale. De son côté, Anu, sa jeune colocataire, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer. Lors d'un séjour dans un village côtier, ces deux femmes empêchées dans leurs désirs entrevoient enfin la promesse d'une liberté nouvelle.
Après avoir reçu le Prix du meilleur documentaire à Cannes en 2021 pour Toute une nuit sans savoir, retenu à la Quinzaine des réalisateurs, Payal Kapadia est venue défendre All We Imagine as Light à Cannes en mai dernier, et est repartie du Festival avec le Grand Prix, soit la 2e plus haute récompense, après la Palme.
La cinéaste indienne, qui revendique des influences telles que Alice Rohrwacher, Claire Denis, Mati Diop, ou encore Agnès Varda, s'intéresse ici au thème de l'amour pour son premier long métrage de fiction : "C'est un thème récurrent dans mon travail. Je pense que l'amour particulièrement en Inde est un sujet très politique, car c'est une société très complexe".
Une tendresse infinie
All We Imagine As Light est un film d'une tendresse infinie. Il se déploie avec des scènes très douces, parfois très sensuelles, avec une attention au moindre détail, le tout dans une atmosphère très mélancolique.
Deux éléments se démarquent : le soin porté à la couleur, dans une première partie très bleutée, puis plus rouge - orangée dans une deuxième partie. Le film a la particularité d'être très lumineux, et d'aller progressivement vers la lumière et la chaleur.
La musique est l'autre élément fort qui apporte sa singularité au film. Elle est composée par Topshe. Avec cette musique électronique très atmosphérique et la couleur très bleutée, on pense parfois à l'ambiance d'un film comme Atlantique de Mati Diop.
L'amour en Inde, c'est une affaire extrêmement politique
All We Imagine as Light présente des points de convergence avec le précédent long métrage de Payal Kapadia. Tous deux se démarquent par leur grande beauté plastique, tout en ayant un fond intime et politique. "L’amour, en Inde, c’est une affaire extrêmement politique. Je ne dirais donc pas que ce film-ci n’est pas politique. Savoir qui on peut épouser est une chose très complexe en Inde. La caste et la religion, entre autres choses, ont une influence profonde sur le choix de la personne avec qui vous allez passer votre vie, ainsi que sur les conséquences de ce choix. L’amour impossible, qui compte parmi les thèmes principaux d’All We Imagine as Light, est une question très politique."
Pour mémoire, All we imagine as light est le premier long métrage de fiction de Payal Kapadia, après plusieurs courts-métrages et le long-métrage documentaire, Toute une Nuit sans savoir, vainqueur de l’Œil d’Or du meilleur documentaire, en 2021.
Le film a été produit par un producteur indien, Chalk and Cheese et par une société de production française Petit chaos, qui avait déjà produit son long-métrage documentaire Toute une nuit sans savoir.