Algérie, mémoire d’outre-France

Jean-Louis Comolli se souvient du pays de son enfance, du temps de la colonisation, de Philippeville, aujourd’hui Skikda, et de la terrasse de l’Excelsior, où il retrouvait ses copains. Pour ces adolescents pieds-noirs, la guerre si proche était lointaine.

Une terrasse offre un point de vue unique pour observer le monde. Elle peut aussi être un endroit à la fois ouvert et clos, délicieusement tourné vers l’extérieur, mais réservé aux discussions entre soi. C’est ce dernier sens qu’il faut retenir pour comprendre le titre choisi par Jean-Louis Comolli, Une terrasse en Algérie. A Philippeville (aujourd’hui Skikda), où il est né en 1941, les adolescents qui se retrouvent au café ne parlent pas de la guerre. Le mot n’est jamais prononcé. On est en 1955-1956. «Nous étions dix ou douze garçons de 15 ans ou plus, attablés à la terrasse de l’Excelsior à descendre des 33 en dépiautant des cacahuètes, jamais aucun de nous ne parla de torture.»

S’agit-il de ne rien voir, et de ne rien entendre ? «Nous vivions en Algérie, nous fermions les volets.» C’est la première phrase du livre. Pour le lecteur d’aujourd’hui, le mot «Algérie» est chargé d’histoire. Jean-Louis Comolli s’attache précisément à retirer ce poids-là, à retrouver le pays d’alors dans sa vérité. Il se souvient de la rue Clemenceau, du marchand de disques, du jazz. Il se souvient de la plage l’été, des odeurs de la nuit, de la liberté au sortir de la classe, des anisettes de son grand-père maternel, Ferdinand le communiste. Il se souvient de la Première Guerre mondiale telle que la racontait Ferdinand, et puis de la guerre de Florentin, le grand-père paternel, patron d’une petite entreprise, rattrapé en 1914 par ses origines italiennes.

La guerre suivante fut celle du père de l’auteur, à Monte Cassino. Là, M. Comolli père se fit un ami pour la vie, qu’il appelle «Capitaine». Celui-ci lui donne du «Docteur». A Constantine - tant qu’on peut encore s’y rendre - ou à Philippeville, le Capitaine et le Docteur poursuivent (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Migrants : à Paris-VIII, l’occupation trouve son rythme
A l'université du Mirail à Toulouse : «Mai 68, ils commémorent, on recommence»
De de Gaulle à Hollande, sept présidents français aux Etats-Unis
Réforme de la justice : grève du zèle des avocats
Constitution: l’opposition, furieuse contre Belloubet, quitte l’hémicycle