En Algérie, la fuite des cerveaux s’accélère
L’Algérie a longtemps été perçue comme un pays aux richesses naturelles inépuisables. Le pétrole et le gaz continuent de dominer les discours officiels, les stratégies économiques et les échanges internationaux.
Pourtant, un autre type d’exportation, moins visible mais ô combien stratégique, prend de l’ampleur : celle des cerveaux. Médecins, ingénieurs, artistes, intellectuels… Ils forment ce nouveau “gazoduc” invisible, qui alimente l’Europe en savoir-faire et en talents, tandis que le pays d’origine voit son capital humain se dissiper, comme un gaz précieux qui s‘échappe sans retour.
L’avenir est ailleurs
L’expression “exportations hors hydrocarbures” fait sourire amèrement les Algériens. Officiellement, elle désigne des produits manufacturés ou agricoles. Officieusement, elle symbolise l’exode massif de la jeunesse diplômée.
Des milliers de médecins formés dans les facultés algériennes opèrent aujourd’hui dans les hôpitaux européens. Des ingénieurs, aux compétences aiguisées dans des universités locales, conçoivent des projets innovants loin de leur terre natale. Des artistes, en quête de reconnaissance et de liberté, font vibrer des scènes étrangères.
Le paradoxe est cruel : le pays investit dans la formation de ces talents, mais c’est ailleurs qu’ils déploient leur potentiel. En retour, l’Algérie ne récolte ni royalties ni dividendes, seulement une hémorragie sociale et intellectuelle. La fuite des cerveaux n’est pas un phénomène nouveau, mais elle s’accélère. Manque de perspectives, climat économique incertain, libertés restreintes, reconnaissance professionnelle limitée…
Contrairement aux hydrocarbures, les talents humains sont une ressource infiniment précieuse et non renouvelable. Chaque médecin qui quitte l’Algérie, c’est un investissement national qui s’évapore. Chaque ingénieur qui part, c’est un projet avorté pour le pays. Chaque artiste exilé, c’est un fragment de culture qui s’éloigne. Le vide laissé est immense, difficile à combler, car les générations futures voient, elles aussi, leur avenir ailleurs.
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