Alerte météo neige et verglas : pourquoi il ne faut pas utiliser de sel de déneigement sur les trottoirs et les routes

Si l'usage de sel est tentant avec l'alerte météo qui frappe la France ce jeudi, il s'agit d'une mauvaise habitude qui nuit aux oiseaux, aux arbres, aux plantes mais aussi aux nappes phréatiques.

Entre 750 000 et 1,5 million de tonnes de sel de déneigement sont répartis sur les routes chaque année (Photo by THIERRY ZOCCOLAN / AFP)
Entre 750 000 et 1,5 million de tonnes de sel de déneigement sont répartis sur les routes chaque année (Photo by THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Un allié précieux face aux épisodes neigeux ? Alors qu'une vague de froid touche la France ce jeudi 21 octobre, d'importantes chutes de neige sont attendues sur la moitié nord du pays. Comme d'habitude dans ce genre de cas, du sel de déneigement est répandu partout, sur les routes, sur les trottoirs ou même sur les terrasses, pour éviter de transformer la chaussée en patinoire.

En répandant du sel sur les sols humides et froids, il va se dissoudre sur la pellicule d’eau en surface et faire ainsi diminuer la température à laquelle l'eau durcit et se transforme en verglas. Ainsi, plus il y a de sel, plus la formation de verglas se fera à une température basse.

Chaque année en France, entre 750 000 et 1,5 million de tonnes sont déversées sur les trottoirs et les routes pour déneiger, essentiellement du chlorure de sodium, efficace jusqu'à une certaine température. Pour les plus extrêmes, il faut du chlorure de calcium, efficace à de très basses températures, mais plus cher.

S'il est indispensable d'éviter la formation de verglas, l'utilisation du sel de déneigement est une mauvaise idée. "On a l'impression que plus on en met, mieux c'est, mais bien au contraire, c'est un poison pour la nature. Naturellement, les oiseaux mangent des graviers pour faciliter leur digestion. Sauf qu'ils vont confondre le sel déposé sur les trottoirs et les routes avec les graviers et l'ingérer tel quel. Comme les oiseaux n'ont pas de vessie, le sel va directement bloquer leurs reins et peut les tuer assez facilement", nous explique Yann Libessart, responsable communication à la Ligue de Protection des Oiseaux.

Pour éviter cette confusion mortelle pour les oiseaux, la LPO recommande d'utiliser des grains de sel inférieur à deux millimètres de diamètre ou d'avoir recours à des alternatives comme le sable, les copeaux de bois ou les granulés d'argile.

Mais il n'y a pas que les oiseaux qui sont victimes du sel de déneigement. "Le sel s'attaque aux racines à travers le sol et empêche les arbres et plus globalement des végétaux des bords de route d'absorber l'eau, et donc se survivre", poursuit le spécialiste.

Dans une étude, l'université de Lorraine recommandait de planter en bords de route des espèces d'arbre "résistantes au sel comme le chêne, le sureau blanc ou le pin mugo". Autre effet sur les végétaux observé dans cette étude,"les projections de sel ont un effet abrasif sur les feuilles des végétaux ce qui les rend plus sensibles aux maladies".

Autre conséquence de l'utilisation massive du sel de déneigement, pour les nappes phréatiques. Par réaction chimique, le sel de déneigement utilisé sur les axes routiers peut "libérer" les métaux lourds présents sur les routes (plomb, zinc, aluminium), provenant notamment des carrosseries ou des pneumatiques, et entraîner leur dispersion dans la nature.

L'utilisation du sel peut aussi avoir un impact sur la salinisation des ressources d'eau douce, bien que le phénomène ne soit par encore réellement quantifié. En Autriche, il est d'ailleurs interdit sur de nombreuses routes, la Finlande quant à elle alloue un quota de sel par contrat aux opérateurs qui peuvent bénéficier d'une prime s'ils en utilisent moins, tandis qu'au Canada, il existe un code de bonnes pratiques destiné aux gestionnaires de voirie avec l'objectif d'identifier les zones les plus vulnérables, comme la proximité de cours d'eau.

En novembre dernier, une étude publiée dans la revue scientifique Nature alertait sur la perturbation du cycle du sel par l'activité humaine, causée notamment par l'utilisation massive de sel de déneigement.