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COR-Alain Juppé promis à un quatrième mandat à Bordeaux

Correction du titre de la dépêche. / L'ancien Premier ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux depuis 1995, est en mesure d'être réélu dès le premier tour, un plébiscite qui replacerait l'édile de 68 ans au centre du jeu politique national en vue de l'élection présidentielle de 2017. /Photo prise le 7 mars 2014/REUTERS/Régis Duvignau

par Claude Canellas BORDEAUX (Reuters) - Correction du titre de la dépêche. L'ancien Premier ministre Alain Juppé, maire de Bordeaux depuis 1995, est en mesure d'être réélu dès le premier tour, un plébiscite qui le replacerait au centre du jeu politique national en vue de l'élection présidentielle de 2017. Favori des sondages, l'édile, 68 ans, s'est toujours imposé au premier tour, même lorsqu'il est revenu en 2006 de près de deux ans d'exil au Québec après sa condamnation en janvier 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs à la Ville de Paris. Cette année, il a pour principal adversaire le député socialiste Vincent Feltesse, 46 ans, président de la Communauté urbaine de Bordeaux. Les deux hommes se connaissent et se respectent, et le candidat socialiste a récemment admis que l'écart avec le maire sortant serait difficile à remonter. "Je ne recule pas face à l'adversité, mais je savais dès le début que le combat allait être difficile", avoue-t-il quelques jours avant les municipales des 23 et 30 mars. Dans une ville qui n'aura connu depuis 1947 que des maires de droite - Jacques Chaban-Delmas, Hugues Martin et Alain Juppé -,la sociologie de l'électorat a pourtant évolué. Bordeaux vote à gauche aux élections nationales : 52,44% pour Ségolène Royal en 2007 et 57,18% pour François Hollande en 2012. Les électeurs se sont même permis un crime de lèse-majesté aux législatives de 2007 en préférant la socialiste Michèle Delaunay à l'ancien ministre des Affaires étrangères dans une circonscription considérée comme une chasse gardée de la droite. Pour autant, les sondages sont constants : Alain Juppé est le candidat préféré des Bordelais pour le Palais Rohan, siège de l'Hôtel de Ville. "Attention, les sondages ne font pas l'élection", souligne le maire sortant, "le risque, c'est la démobilisation". "MEILLEUR MAIRE DE FRANCE" Selon une enquête Ifop diffusée mi-février par Sud Ouest, TV7 et France Bleu Gironde, l'ancien chef du gouvernement de Jacques Chirac l'emporterait dès le premier tour avec 57% des voix, Vincent Feltesse ne recueillant que 24%. Le candidat du Front de Gauche Vincent Maurin se classerait en troisième position avec 7% des voix devant le Front national Jacques Colombier (6%) et Philippe Poutou, ancien candidat présidentiel du NPA (3%). Les Bordelais créditent Alain Juppé d'avoir tiré leur ville de la torpeur. La neuvième commune de France est en plein développement et se classe parmi les villes les plus attractives, ce qui a valu à Alain Juppé d'être désigné "Meilleur maire de France" par L'Express. L'impopularité qu'il a subie à Matignon n'est qu'un lointain souvenir. "C'est bon de se sentir porté par cette campagne". Très apprécié par les sympathisants de l'UMP dans la tourmente actuelle, Alain Juppé incarne un point d'équilibre entre droite modérée et droite forte à même d'inquiéter François Fillon ou Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017, à laquelle il ne s'interdit pas de penser. Vincent Feltesse dénonce pourtant des failles dans le bilan du maire sortant, notamment dans les domaines social et culturel, et souhaite une ville "plus dynamique, plus ouverte, plus solidaire". "Bordeaux s'est réveillée, c'est un fait. Mais c'est aussi une ville où le logement est de plus en plus cher, où la pression fiscale est l'une des plus élevées des grandes villes françaises. Il faut investir dans les équipements sportifs, les crèches, l'école", déclare-t-il. A ses yeux, Alain Juppé s'attribue des mérites qui seraient en fait l'œuvre de la communauté urbaine qu'il préside. Là réside le véritable enjeu de cette élection, où les électeurs des communes de plus de mille habitants choisiront pour la première fois les conseillers communautaires des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). LA "CUB" AU COEUR DU DUEL MUNICIPAL La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), qui regroupe 28 communes de l'agglomération, est aux mains de la gauche depuis 2004 au grand dam d'Alain Juppé, qui n'en assume que la première vice-présidence. Dans une agglomération où le centre ne compte que pour un tiers de la population, la conquête de l'institution n'est pas une mission aisée pour la droite, 20 des 28 communes étant contrôlées par la gauche depuis les précédentes municipales. Vincent Feltesse, qui a d'ores et déjà pris date pour l'élection de 2020, sera le candidat de la gauche à la présidence de la CUB, même s'il n'est plus que conseiller municipal à Bordeaux après avoir été maire de Blanquefort (2001-2012), dans la banlieue bordelaise. "Il serait logique que le président de la Communauté urbaine soit le maire d'une des villes de la Communauté urbaine, et si possible, celui de la ville centre", avance Alain Juppé. Dans ce duel aquitain, les autres candidats peinent à se faire entendre. Jacques Colombier, élu implanté de longue date en Gironde, espère reprendre le siège qu'il avait occupé de 1989 à 2008 au conseil municipal. Vincent Maurin, qui représente le Front de gauche, n'a pas voulu rejoindre le candidat socialiste aux côtés du Parti radical de gauche et d'Europe Ecologie-Les Verts et se bat pour "une agglomération plus solidaire". Philippe Poutou, qui ne veut pas "laisser Juppé et Feltesse s'affronter seuls", espère atteindre les 5% de voix avec un ou deux élus à la clé. (Edité par Sophie Louet)