Airbus recommande Eric Schulz pour remplacer Leahy

par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Airbus a porté son choix sur Eric Schulz, responsable des avions civils chez Rolls-Royce, pour devenir son prochain directeur commercial, a appris Reuters de trois sources au fait du dossier.

Cette recommandation met un terme à des mois d'incertitudes sur la succession de John Leahy, qui s'apprête à prendre sa retraite.

Le choix d'un candidat externe au groupe intervient alors que le constructeur aéronautique fait face à des enquêtes en France et au Royaume-Uni sur des accusations de corruptions liée à des ventes d'avions.

La candidature de Christian Scherer, président exécutif du constructeur de turbopropulseurs ATR, une coentreprise détenue par Airbus et l'italien Leonardo-Finmeccanica, avait été également été envisagée.

Christian Scherer, qui a travaillé 30 ans chez Airbus avant de rejoindre ATR, avait été auparavant responsable de la stratégie commerciale de l'avionneur. Mais bien que ce dernier ne soit pas lié aux enquêtes anti-corruption en cours, des sources du secteur ont indiqué que le conseil d'administration insistait pour une candidature rompant avec le passé.

La décision finale doit être confirmée par le conseil d'administration d'Airbus.

Airbus et Rolls-Royce se sont refusés à tout commentaire. Ni Eric Schulz ni Christian Scherer n'étaient joignables dans l'immédiat.

John Leahy, qui occupe ce poste depuis 1994, devait initialement prendre sa retraite en septembre mais a reporté son départ à la demande du président exécutif d'Airbus Tom Enders.

Début novembre, il avait indiqué qu'il resterait à la tête de la direction commerciale du groupe jusqu'à la nomination de son successeur.

John Leahy devrait quitter ses fonctions vers le 25 janvier.

DES LIENS ÉTROITS

Eric Schulz, ingénieur français de 54 ans, a commencé sa carrière chez l'un des groupes qui ont donné naissance à Airbus Aérospatiale, avant de travailler pour l'équipementier aéronautique Goodrich.

Il fait partie de l'équipe dirigeante du motoriste britannique qui a permis au groupe de solder en début d'année une affaire de corruption en échange d'une série d'amendes infligées par les autorités britanniques, américaines et brésiliennes. Eric Schulz dirige la division des avions civils de Rolls-Royce depuis janvier 2016.

Ce choix renforce une collaboration déjà étroite entre Rolls-Royce et Airbus sur les gros porteurs.

L'an dernier, Boeing a engagé Kevin McAllister, qui a travaillé pendant près de 30 ans dans la division aviation de son fournisseur General Electric, pour prendre les rênes de sa division d'aviation commerciale.

"Rolls-Royce et Airbus sont très liés, donc ils doivent bien connaître (Eric Schulz) et lui doit bien les connaître aussi" déclare Nick Cunningham, analyste chez Agency Partners.

Mais Eric Schulz va devoir gérer des équipes commerciales désorientées et ébranlées par le recul des ventes du groupe et par les enquêtes internes et externes ouvertes pour des soupçons de corruption.

"Ils ont choisi une rupture franche, mais ce n'est pas sans risque", remarque une source du secteur.

Si, comme prévu, le conseil d'administration confirme sa nomination, Eric Schulz devra agir rapidement pour remonter le moral des équipes et renforcer les liens avec les clients, après le salon en demi-teinte de Dubaï, estiment des sources du secteur.

"Il est très direct, ce n'est pas un politique", indique une personne ayant négocié avec lui.

Le choix d'un directeur commercial est une décision qui va influer sur l'évolution du groupe pendant des années.

Le titre Airbus, qui a terminé vendredi en baisse de 0,1% à la Bourse de Paris, a pris plus de 36% cette année, contre plus de 10% pour le CAC.

(Avec Dominique Rodriguez, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)