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Airbus: Les résultats du 1er trimestre ternis par une charge saoudienne

par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Airbus a maintenu mardi ses objectifs 2019 après un résultat opérationnel ajusté légèrement meilleur que prévu au premier trimestre, une performance toutefois contrebalancée par une accélération de la consommation de trésorerie et par une charge liée au veto de Berlin sur les exportations d'armements vers l'Arabie saoudite.

Ces résultats sont les premiers présentés par le nouveau président exécutif d'Airbus Guillaume Faury et par son directeur financier Dominik Asam, qui ont chacun souligné la vigueur des commandes portant sur l'A320neo tout en restant très prudents sur le parti qu'Airbus pourrait tirer des difficultés du 737 MAX de son concurrent américain Boeing.

L'Allemagne a prolongé le mois dernier la suspension des licences d’exportation de matériels de défense à l’Arabie saoudite, provoquant notamment le courroux de la France, qui abrite le siège d'Airbus à Toulouse.

Cette décision a encore retardé la signature d'un contrat saoudien portant sur un système de surveillance des frontières.

"Nous sommes pieds et poings liés et nous ne pouvons pas avancer comme prévu sur le contrat export saoudien", a souligné Dominik Asam, ajoutant que les discussions se poursuivaient toutefois avec Ryad.

Ce veto de l'Allemagne s'est traduit pour Airbus par une charge de 190 millions, qui s'élève au total à 297 millions en tenant compte des pertes de changes associées.

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires du constructeur aéronautique a progressé de 24% à 12,55 milliards d'euros (consensus Infront Data/Reuters de 12,99 milliards) alors que son Ebit ajusté a bondi à 549 millions (consensus 520 millions) contre seulement 14 millions un an plus tôt.

Le groupe a bénéficié de l'augmentation des cadences de l'A320neo, plus rémunérateur que les versions précédentes, et de la réduction des coûts de production du long courrier A350.

PAS D'EFFET ATTENDU DU 737MAX SUR LES VENTES DE L'A320NEO

Hors ajustements, l'Ebit du groupe recule de 9% en raison de la charge saoudienne et d'une autre, moins importante, liée à l'arrêt du programme de très gros porteur A380.

Le flux de trésorerie disponible du groupe est négatif à hauteur de 4,3 milliards d'euros au premier trimestre, ce qui reflète l’augmentation des stocks pour soutenir les montées en cadence de production.

Airbus a confirmé ses objectifs 2019 de 880 à 890 livraisons d'avions, d'une hausse de 15% de l'Ebit ajusté et d'un flux de trésorerie disponible avant fusions et acquisitions et financements-clients d’environ 4 milliards d’euros.

Son concurrent Boeing a renoncé la semaine dernière à ses objectifs financiers 2019 et réduit sa production à la suite de l'immobilisation de tous ses 737 MAX après deux accidents mortels impliquant cet avion.

Guillaume Faury a précisé toutefois que les déboires du 737 MAX ne conduisaient pas Airbus à revoir les perspectives à moyen et long termes de son avion concurrent, l'A320neo.

A 10h35, le titre Airbus reculait de 0,88% à 121,94 euros, sous-performant légèrement l'indice CAC 40 (-0,43%).

Depuis le début de l'année, Airbus progresse de plus de 45% en Bourse contre seulement 17,5% pour Boeing, dont le titre a décroché à Wall Street après les déboires du 737 MAX.

(Version française Jean-Michel Bélot, édité par Bertrand Boucey)