Coronavirus: Airbus signe une ligne de crédit de 15 milliards d'euros, passe son dividende

par Matthieu Protard et Tim Hepher

PARIS (Reuters) - Airbus a demandé une nouvelle facilité de crédit de 15 milliards d'euros et a suspendu ses prévisions pour 2020 en raison de la pandémie de coronavirus qui paralyse le secteur du transport aérien.

Comme son concurrent Boeing, l'avionneur européen a décidé de renoncer au versement du dividende au titre de l'exercice 2019 qui était d'un montant total de 1,4 milliard d'euros. Airbus a également suspendu le système de financement volontaire des retraites complémentaires.

A 12h46, le titre cédait ainsi 5,35% à 60,37 euros après avoir touché dans la matinée un plus bas à 54,56 (-14,5%). Il sous-performe toujours l'indice CAC 40 (-3,8%).

"Ces mesures sont destinées à protéger l'avenir d'Airbus et à garantir que nous puissions reprendre nos activités normales ou futures dès que la situation s'améliorera", a déclaré lundi à la presse le président exécutif d'Airbus, Guillaume Faury.

Avec environ 30 milliards d'euros de liquidités disponibles et aucune ligne de crédit utilisée pour l'instant, le groupe dit disposer de suffisamment de ressources pour faire face à la crise sanitaire en cours.

Les analystes de Credit Suisse ont jugé "rassurantes" les annonces du groupe sur sa liquidité, même s'il n'a pas donné beaucoup d'indications sur ses perspectives.

Guillaume Faury appelle cependant "à une aide gouvernementale forte" à travers le monde pour se porter au secours des compagnies aériennes, dont la majeure partie de la flotte mondiale est immobilisée, ainsi que des équipementiers du secteur, en grande difficulté.

"Nous ne demandons pas un soutien direct des gouvernements", a-t-il toutefois précisé.

Alors que le gouvernement français a mis en place une enveloppe de 300 milliards d'euros de garanties pour les prêts aux entreprises affectées par les conséquences de la pandémie, Airbus a déclaré que sa facilité de crédit ne relevait pas de ce programme.

Boeing, déjà affecté par l'immobilisation de ses 737 MAX à travers le monde à la suite de deux accidents mortels, a demandé la semaine dernière à Washington un soutien de 60 milliards de dollars pour le secteur aéronautique.

REPRISE PARTIELLE DE LA PRODUCTION

Chez Airbus, Guillaume Faury a indiqué qu'il serait de plus en plus difficile de livrer les appareils aux compagnies, et que certains devraient être ainsi parqués.

L'avionneur s'est dit prêt à utiliser les dispositifs de financement client pour aider les compagnies aériennes en difficulté, mais de manière "très sélective". Il a dit compter également sur les sociétés de leasing aéronautique, qui représentent près de la moitié de ses livraisons, pour qu'elles jouent leur rôle "d'amortisseur".

Airbus, dont la production a partiellement repris en France et en Espagne après une fermeture de quatre jours de ces usines, a déclaré avoir identifié des gisements d'économies au niveau opérationnel.

Le groupe n'a pas souhaité préciser le niveau de volume pour la reprise partielle de sa production, qui était de 58 appareils monocouloirs par mois avant la crise sanitaire.

Alors que des pénuries se font sentir dans la chaîne d'approvisionnement, Airbus a déclaré que son objectif dans l'immédiat était de stabiliser la fourniture de pièces détachées.

(version française Henri-Pierre André et Claude Chendjou, avec la contribution de Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)