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Air France-KLM chute en Bourse, ses économies déçoivent

par Cyril Altmeyer et Victoria Bryan

PARIS (Reuters) - Air France-KLM chute en Bourse vendredi matin, sa prévision reformulée de réductions de coûts ne convainquant pas les analystes malgré des résultats trimestriels meilleurs que prévu et des prévisions encourageantes pour les mois à venir.

Le groupe franco-néerlandais accuse la plus forte baisse de l'indice SBF120, plongeant de 9,26% à 12,635 euros à 11h35 - sa pire performance depuis février 2010 - après avoir nettement accéléré ses pertes après une conférence téléphonique.

La modification de la prévision d'économies du groupe, son principal défi, a laissé les analystes perplexes : Air France-KLM ne prévoit plus pour 2017 qu'une légère baisse - non quantifiée - de ses coûts à change, prix du carburant et charges de retraite constants.

L'objectif antérieur de baisse de 1,0% à 1,5% des coûts unitaires cette année exclut désormais les effets de la hausse du coefficient d'occupation des avions et du partage des bénéfices avec les salariés ("profit sharing").

"L'objectif original de réduction du coût unitaire, qui était modeste, semble devoir être manqué en raison de la hausse des coefficients d'occupation et du profit sharing", souligne Liberum dans une note.

"Malgré les progrès sur le bilan et une perspective toujours encourageante en termes de recette unitaire, les marges du groupe restent à la traîne par rapport à celles de ses pairs et ce n'est pas reflété dans la valorisation", ajoute l'intermédiaire.

Air France a amélioré sa marge de 3,6 points au troisième trimestre à 11,%, encore en-deçà de KLM (18,5%), Lufthansa (18,1%) et British Airways (21,5%).

"GUERRE EN INTERNE"

Les analystes attendaient une clarification lors de la conférence téléphonique mais en ont été pour leurs frais. Le directeur financier Frédéric Gagey a tenté de les convaincre, en vain, qu'Air France-KLM était victime de son propre succès opérationnel et commercial.

"Pour être honnête, la principale raison de ces difficultés d'interprétation vient simplement du fait qu'au début de l'année la prévision pour l'exercice 2017 était clairement inférieure à ce que nous réaliserons finalement", a-t-il dit au sujet du résultat d'exploitation.

Le groupe ne fournit pas de prévision de résultats sur l'exercice mais les analystes attendent un bond de 45% du bénéfice d'exploitation à 1,519 milliard d'euros selon le consensus réalisé pour Reuters par Inquiry Financial.

"C'est une guerre en interne : durant l'été, nous avons continué à accroître la prévision annuelle, ce qui signifie qu'il a été nécessaire de continuer à intégrer dans les comptes le 'profit sharing', qui a augmenté" depuis cet été, a poursuivi Frédéric Gagey.

La recette unitaire - baromètre très suivi mesurant les revenus tirés des capacités - a augmenté de 4,1% sur le trimestre grâce au net rebond de l'Asie et de la dynamique de l'Amérique latine, contre 4,5% pour Lufthansa et 2,2% pour IAG, maison mère de British Airways et Iberia.

Air France-KLM a dit s'attendre à une nouvelle hausse sur les trois derniers mois de l'année, avec une performance particulièrement solide sur l'Atlantique nord, l'un des marchés les plus disputés au monde.

Le groupe a en outre souligné que les réservations prévues étaient en hausse sur les quatre prochains mois sur le long-courrier, l'activité la plus lucrative du transport aérien et qu'il a entrepris de reconquérir.

SURCHARGE SUR LES RÉSERVATIONS VIA DES TIERS

Air France-KLM, qui dévoilera lundi une refonte de son programme de fidélité Flying Blue, a également décidé d'appliquer à son tour une surcharge de 11 euros par trajet réservé via des intermédiaires à partir du 1er avril 2018.

Cette pratique initiée par Lufthansa en 2015 et appliquée aussi depuis le 1er novembre par British Airways et Iberia, porte un coup aux fournisseurs de systèmes de distribution de voyages (GDS) comme Amadeus, Travelport et Sabre.

Au troisième trimestre, Air France-KLM a amélioré son bénéfice d'exploitation de 38,7% à 1,022 milliard d'euros et son chiffre d'affaires de 5,1% à taux de change constants à 7,235 milliards, dépassant dans les deux cas le consensus d'Inquiry Financial.

Le groupe prévoit de faire mieux que prévu en termes de désendettement, anticipant un ratio dette nette/Ebitdar (excédent brut d'exploitation intégrant les locations d'avions) de 2,2 fois et 2,3 fois, contre un objectif de 2,5 fois.

Cette prévision ne tient pas compte de l’acquisition de 31% du capital de Virgin Atlantic annoncée fin juillet dans le cadre d'un renforcement de ses alliances qui a vu Delta Air Lines et China Eastern entrer au capital du groupe franco-néerlandais.

(Avec Marc Angrand, édité par Pascale Denis)