Ahold Delhaize: Pressions pour soumettre au vote la "pilule empoisonnée"

par Anthony Deutsch

AMSTERDAM (Reuters) - Le groupe de supermarchés Ahold Delhaize, né de la fusion du néerlandais Ahold et du belge Delhaize, devrait soumettre au vote des actionnaires la reconduction de sa "pilule empoisonnée", a déclaré jeudi l'association néerlandaise d'actionnaires individuels VEB.

Cette pilule empoisonnée protège actuellement le groupe d'une éventuelle offre hostile.

VEB joint ainsi sa voix à celle du fonds activiste français CIAM. Dans une lettre adressée à la direction et rendue publique la semaine dernière, ce dernier estimait que cette pilule empoisonnée pesait sur le cours de Bourse.

"Les actionnaires sont consultés quand on a besoin d'argent, mais lorsqu'il s'agit de prendre une décision sur l'avenir de l'entreprise, on nous demande de nous taire", déclare le directeur de VEB, Paul Koster, dans un communiqué.

Comme la plupart des grands groupes néerlandais, Ahold dispose d'une structure de gouvernance permettant de le mettre à l'abri d'une éventuelle offre hostile. Ce montage prend fin à la fin de l'année et la direction a annoncé qu'elle déciderait de son éventuelle reconduction, sans vote des actionnaires.

Cette question sera toutefois évoquée lors de l'assemblée générale prévue le 11 avril.

VEB, CIAM ET BERNSTEIN POUR UN VOTE

"Nous pensons que ces types (d'instruments) sont mauvais pour la gouvernance de l'entreprise", écrit jeudi dans une note Bernstein Research qui est à "surperformer" sur le titre.

Bernstein ne détient aucune participation dans Ahold Delhaize alors que sa maison-mère en possède environ 0,08%.

L'intermédiaire ajoute qu'il comprend pourquoi la direction d'Ahold Delhaize souhaite se protéger d'une opération hostile, mais qualifie cette option d'"un pouvoir disproportionné".

CIAM, VEB et Bernstein ont demandé de soumettre la reconduction de cette pilule empoisonnée au vote des actionnaires.

L'enjeu est d'autant plus élevé que le secteur de la distribution est en pleine consolidation aux Etats-Unis, où Ahold réalise deux tiers de ses activités.

Le marché a spéculé sur un rapprochement entre Ahold Delhaize et un autre distributeur comme Kroger, après le rachat l'an dernier de la chaîne de supermarchés Whole Foods par Amazon.

Ahold Delhaize a annoncé jeudi que Frans Muller, qui a supervisé l'intégration des activités américaines de Ahold et de Delhaize lors de la fusion en 2015, deviendrait directeur général lorsque Dick Boer, partira en retraite le 1er juillet.

Franz Muller dirigeait Delhaize jusqu'au rachat du groupe par Ahold en 2015, pour 9,3 milliards d'euros.

Le titre a terminé en hausse de 1,6% à 19,56 euros en Bourse d'Amsterdam.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Juliette Rouillon)