Ahmed Zaouche, le défenseur de la médina

Ahmed Zaouche dénonce le commerce illégal d'éléments d'architecture ou de décor, de céramiques et de colonnes.

Paris Match. Avant d’évoquer Tunis, pourriez-vous revenir sur votre parcours ?
Ahmed Zaouche. Après douze ans au Programme des Nations unies pour le développement [Pnud] et à l’Unesco, comme expert dans le champ du patrimoine et des droits de l’homme, je suis aujourd’hui manager de programme au sein du bureau régional de l’Unesco pour les pays du Golfe et le Yémen. L’Union européenne finance à hauteur de 11 millions d’euros un projet de trois ans, visant à subvenir aux besoins de la population locale en situation de détresse économique, sociale et sanitaire. Elle propose aux Yéménites, en échange d’une rétribution quotidienne, de participer au nettoyage, au déblaiement et à la reconstruction du patrimoine dévasté. Concrètement, nous employons 4 000 personnes dans trois villes bombardées classées au patrimoine mondial de l’humanité – Sanaa, Shibam et Zabid –, ainsi qu’à Aden.

Le palais où vous avez grandi, dans la médina de Tunis, a-t-il façonné le défenseur du patrimoine que vous êtes devenu ?
Il aurait été bien difficile d’échapper à la puissance et à l’énergie de ce lieu. J’ai été bercé pendant toute mon enfance par mille récits sur le passé de cette maison un peu particulière. Elle est mitoyenne de la zaouïa de Sidi Ben Arous, le saint patron de Tunis, et elle est réputée pour ses “murs chauds” : il est dit qu’ils diffusent chaleur et mysticisme. La maison porterait en elle, selon les théologiens de la Grande Mosquée, des secrets et des vibrations. Paradoxalement, l’aménagement actuel qui date du XIXe siècle a été entièrement pensé pour en faire un haut lieu de la fête, avec des décors que certains qualifieraient d’un peu orgiaques. Ce goût pour l’apparat et la représentation était très ancré dans la culture des(...)


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