Des agriculteurs de la Confédération paysanne interpellés, elle dénonce le « 2 poids, 2 mesures » par rapport à la FNSEA

Des policiers retiennent des manifestants lors d’une action appelée par la Confédération paysanne pour protester contre l’inauguration de la 64e édition de la Bourse de commerce européenne au Grand Palais, à Paris, le 5 décembre 2024.

AGRICULTURE - Avant leur arrestation, ils avaient déposé des bottes de paille et chanté « Traders tremblez, les paysans reprennent leur blé ! » Une centaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole français, classé à gauche, ont manifesté jeudi 5 décembre devant le Grand Palais, à Paris, où se tenait une réunion européenne de grands acteurs du commerce des céréales. Cinq manifestants ont été interpellés et sont toujours en garde à vue, indique le syndicat, ce vendredi 6, au HuffPost.

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Cette manifestation, que notre reporter a suivie comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, a eu lieu alors que s’ouvre en Uruguay le sommet du Mercosur, où l’UE, par la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, pourrait signer un accord de libre-échange dénoncé par toutes les organisations agricoles françaises.

Un « déferlement de violence policière »

Alors que le rassemblement parisien se déroulait sans heurts, des forces de l’ordre sont arrivées au bout d’une vingtaine de minutes. « Laissez tomber, vous n’avez plus de ministre ! » les ont interpellées des manifestants. La police a ensuite bloqué les paysans pendant plus d’une heure, donnant lieu à des bousculades, a rapporté une journaliste de l’AFP.

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In fine, les forces de l’ordre, appuyées par la brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M), ont procédé à cinq interpellations. L’arrestation brutale de l’un d’entre eux a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux, comme vous pouvez le voir dans le tweet ci-dessous. L’homme en manteau rouge, traîné par terre, s’appelle Toussaint Lamy. Il est agriculteur à Cornot, en Haute-Saône, indique France 3.

« Quatre paysans et une paysanne sont toujours en garde à vue ce matin », précise ce vendredi Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, interrogée par Le HuffPost.

Celle qui est le visage du troisième syndicat agricole ressent de « la colère » alors que des membres de son mouvement ont subi « deux nasses interdites, un déferlement de violence policière ». De plus, pour Laurence Marandola, qui lutte pour un revenu juste des paysans vivant sous le seuil de pauvreté, l’action des forces de l’ordre est « la preuve d’un deux poids, deux mesures » alors que « la FNSEA peut tout faire et malmener les services publics sans être inquiétée ».

La FNSEA, épargnée ?

La porte-parole n’est pas la seule à dénoncer ce « traitement de faveur » qui serait réservé la FNSEA. Des députés écologistes ont aussi fait part de leur colère à franceinfo après l’interpellation des cinq agriculteurs. L’un d’eux, Charles Fournier, élu de Tours, fait remarquer à nos confrères que d’un côté, les paysans de la Conf’ paysanne sont « nassés et brutalisés lorsqu’ils protestent contre la spéculation sur les céréales », pendant que de l’autre, il n’y a « aucune mesure de sanction quand la FNSEA déverse sa colère sur les grilles de l’Office français de la Biodiversité ». Le 18 novembre, la FDSEA de l’Oise, une section départementale de la FNSEA, avait muré avec des parpaings les locaux de cet organisme public.

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Fin novembre, des agriculteurs franciliens de la FNSEA-JA avaient également fait ériger des murs symboliques devant l’Anses et l’Inrae et soudé les portes de l’Office français de la biodiversité (OFB) à Toulouse. Leur but : dénoncer les « normes » environnementales et sanitaires qui, selon eux, entravent leur production.

Des bâtiments publics du Tarn-et-Garonne ont de nouveau été pris pour cibles ce jeudi soir. Une quinzaine d’agriculteurs, dont l’affiliation syndicale n’est pas connue, ont déversé des bennes de détritus et de céréales moisies près de la sous-préfecture et du commissariat de Castelsarrasin avant de se diriger vers les locaux de la Mutualité sociale agricole, rapporte l’antenne locale de France Bleu. Le préfet, Vincent Roberti, a condamné des actions « en dehors de tout cadre syndical ». Mais contrairement à l’action parisienne de la Confédération paysanne, aucune interpellation n’a eu lieu.

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