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Agression de Salman Rushdie: ce que l'on sait de Hadi Matar, le suspect interpellé

Agression de Salman Rushdie: ce que l'on sait de Hadi Matar, le suspect interpellé

Qui a poignardé l'écrivain britannique? Salman Rushdie, auteur de 75 ans, a été attaqué vendredi alors qu'il s'apprêtait à donner une conférence dans un amphithéâtre de Chautauqua, dans le nord-ouest de l'État de New York, aux États-Unis. Il a été placé sous respirateur artificiel après avoir été opéré, et les dernières nouvelles sur son état de santé ne sont pas bonnes.

L'écrivain était visé par une fatwa instaurée par l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny depuis 1989 en raison de son roman Les Versets sataniques, accusé de ridiculiser le Coran et Mahomet. Un suspect a été arrêté par les forces de l'ordre.

Un jeune homme de 24 ans

Quelques heures seulement après l'attaque, peu d'éléments ont filtré sur le profil de l'assaillant. La police de l'État de New York a toutefois indiqué vendredi qu'il a été identifié comme étant un jeune homme de 24 ans s'appelant Hadi Matar.

Né en Californie et d'origine libanaise, il a déménagé en 2014 à Fairview, dans le New Jersey, selon le Daily Beast. Il est présenté comme un musulman chiite, d'obédience Khomeyniste, c'est-à-dire suivant une vision conservatrice et politique de l'islam défendue par l'Ayatollah mort en 1989.

Un "musulman dévoué" qui aimait jouer au basket

Un ancien camarade de classe au lycée a fait part de sa surprise en apprenant que Hadi Matar était suspecté d'une tentative d'assassinat.

"Le Hadi qui est responsable de cette attaque n'est pas le Hadi que je connaissais et qui parlait de gentillesse", a assuré Gabriel Sanchez, 24 ans, au Daily Beast.

L'ancien lycéen décrit Hadi Matar comme un jeune homme qui participait aux débats en classe, avait des amis et aimait lire et jouer au basket.

Il parle aussi d'un "musulman très dévoué" qui réalisait ses ablutions dans les toilettes de l'établissement, suivant le rite de l'islam. "La seule fois où je l'ai vu s'énerver c'est quand notre professeur de biologie a écrit dans son évaluation de fin d'année de la classe qu'il n'aimait pas la façon dont (Hadi) parlait de religion", se souvient-il.

Un faux permis de conduire

D'après des médias américains, le suspect portait sur lui un faux permis de conduire au moment de l'attaque.

Le nom indiqué sur le document? Hassan Mughniyeh, une référence à l'un des fondateurs et ancien dirigeant du Hezbollah, Imad Mughniyeh, selon Darya Safai, députée irano-belge à la Chambre des représentants du Parlement fédéral belge. L'homme avait été tué en Syrie 2008 par le Mossad, avec l'appui des États-Unis.

Le prénom Hassan rappelle par ailleurs celui de Hassan Nasrallah, actuel secrétaire général du Hezbollah, toujours selon l'élue.

Une sympathie pour le pouvoir iranien?

Le suspect avait d'ailleurs fait montre de sympathie à l'égard du pouvoir iranien, notamment via des publications sur les réseaux sociaux, selon plusieurs médias américains.

Dans plusieurs posts sur Facebook, il avait notamment montré son soutien envers l'Ayatollah Khomeyni, à l'origine de la fatwa contre Salman Rushdie, d'après l'islamologue Romain Caillet, capture d'écran à l'appui. Le compte de Hadi Matar a depuis été supprimé.

Le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, a par ailleurs félicité ce samedi l'assaillant pour son acte, y voyant un "homme courageux" et "conscient de son devoir". La plupart des médias iraniens, à l'exception du journal réformateur Etemad, ont salué cette attaque, qualifiant Salman Rushdie d'"apostat".

"Trop tôt" pour expliquer son geste

Selon la police américaine, moins de 24 heures après l'agression, il est encore "trop tôt pour indiquer les motivations de cet acte".

Pour l'instant, les forces de l'ordre ignorent encore si cette agression a été commanditée. "Nous pensons que l'agresseur" a agi "seul", a cependant affirmé lors d'un point-presse le capitaine de la police de l'État de New York Eugene Staniszweski.

"La cause de cet attentat sera déterminée", a-t-il assuré, alors que l'enquête a été confiée au FBI. Objectif, notamment, déterminer avec certitude si ce geste répond, ou non, à la fatwa lancée contre l'écrivain en 1989.

Article original publié sur BFMTV.com