Une agression homophobe dans le Tarn indigne la classe politique

Photo d’illustrayion prise à Rouen en novembre 2018 lors d’une manifestation contre l’homophobie.
CHARLY TRIBALLEAU / AFP Photo d’illustrayion prise à Rouen en novembre 2018 lors d’une manifestation contre l’homophobie.

FAITS DIVERS - « Déchaînement de violence barbare », « agression honteuse », « haine à l’état pur »… Des responsables politiques de tous bords se sont indignés de l’agression d’un adolescent dans le Tarn samedi 21 septembre en raison de son orientation sexuelle, selon le témoignage de la victime à La Dépêche du Midi.

Les faits se sont déroulés à Mazamet (Tarn) samedi après-midi. Alors qu’il était près de la gare avec une amie, Paul 17 ans, est interpellé par une jeune fille qui les interroge sur leur « couple » présumé. L’adolescent répond qu’il « aime les garçons », raconte-t-il à nos confrères. La jeune fille appelle alors une dizaine d’individus « âgés de 13 à 20 ans », rapporte le quotidien. Paul et son amie sont violemment frappés jusqu’à ce que l’intervention d’une personne tierce provoque la fuite des agresseurs.

« Je suis encore choqué », a confié l’adolescent à La Dépêche du Midi dimanche. Sa mère dit de son côté vouloir « dénoncer ce que l’on fait aux homos dans notre pays. » « On ne veut pas que la peur soit dans notre camp, on ne va pas se laisser intimider », déclare-t-elle au quotidien.

Une enquête ouverte, trois suspects sous contrôle judiciaire

Le jeune garçon souffre notamment d’un traumatisme crânien et de douleurs diverses, précise La Dépêche du Midi ce lundi. Une enquête a été ouverte et « les auteurs présumés ont été rapidement interpellés par la police nationale. Ils doivent être lourdement condamnés », a indiqué le maire (DVD) de Mazamet Olivier Fabre sur X. Trois mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire et poursuivis « pour des faits de violences aggravées par deux circonstances », la commission des violences « en réunion et le caractère homophobe de l’acte », a précisé lundi à l’AFP la procureure de la République de Castres, Elodie Buguel.

Si deux des trois mis en cause, des mineurs de moins de 15 ans, reconnaissent « avoir porté quelques coups », ils nient le caractère homophobe de l’agression, a précisé à l’AFP leur avocat, Me Jean-Antoine Escande qui évoque « une sorte de rivalité géographique » et « des conflits d’ego entre jeunes gens. » « On estime qu’il y a suffisamment d’éléments pour établir ce caractère homophobe de l’agression », a au contraire assuré Mme Buguel, précisant que l’un des agresseurs était préalablement connu de la justice pour des faits de violences.

« Témoignage poignant pour le nouveau ministre de l’Intérieur »

Parmi les nombreuses réactions politiques, le nouveau secrétaire d’État chargé de la Citoyenneté et de la Lutte contre les Discriminations Othman Nasrou a assuré de la mobilisation des services de l’État. « Je veux lui exprimer tout mon soutien et condamner l’agression homophobe honteuse dont il a été la cible », écrit le responsable issu des Républicains. « L’homophobie n’a pas sa place dans notre République », réagit aussi le député (Ensemble pour la République) du Tarn Jean Terlier.

Au Rassemblement national, Marine Le Pen a condamné un « déchaînement de violence barbare (qui) n’est pas un acte isolé. » « En 2023, 2870 crimes et délits homophobes ont été commis dans notre pays. Il est temps que l’État assure à chaque Français, quelle que soit son orientation sexuelle, le droit de vivre dans l’espace public en toute sécurité », écrit la triple candidate du parti à la présidentielle.

D’autres, à l’instar du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure ont fait un lien entre cette agression et la nomination au sein du gouvernement Barnier de plusieurs ministres connus pour leurs positions à rebours des droits LGBT+, dont le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et la secrétaire d’État à la Consommation Laurence Garnier.

« Témoignage poignant pour le nouveau ministre de l’Intérieur qui continue de penser que l’homosexualité est une perversion que l’on peut corriger au moyen de thérapies de conversion », cingle le numéro 1 du PS sur X. Dans un communiqué, La France insoumise a aussi condamné l’agression déplorant que « la lutte pour les droits LGBTI ne semble pas non plus être à l’ordre du jour du nouveau gouvernement Barnier, qui inclut plusieurs ministres liés à la Manif pour Tous, un mouvement notoirement homophobe, ou ayant voté contre l’interdiction des thérapies de conversion en 2021. »

« L’agression subie par Paul à Mazamet confirme que les homophobes sont des lâches et rappelle que les ’responsables’ publics qui jouent, depuis des décennies, avec la haine anti-LGBT dans leurs discours politiciens démagos l’ont rendu possible », abonde aussi Denis Quinqueton, codirecteur de l’Observatoire LGBTQI+ de la Fondation Jean-Jaurès (orientée à gauche) en partageant une photo des membres du gouvernement connus pour leur opposition au mariage pour tous, entre autres.

Le positionnement du gouvernement Barnier au regard des questions sociétales comme l’IVG, la PMA et les droits LGBT+ interroge, au point que l’ancien Premier ministre Gabriel Attal – qui a ouvertement parlé de son homosexualité pendant qu’il était à Matignon – a demandé de « garanties » à son successeur. Michel Barnier a depuis assuré ne pas vouloir revenir sur ces différentes lois, se présentant comme un « rempart » pour les préserver.

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