Des agents plus très secrets

Courrier international

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, les expulsions de diplomates russes, et contre-expulsions de leurs homologues occidentaux, se multiplient, en Europe notamment. Mi-avril, la Norvège a encore renvoyé quinze d’entre eux vers Moscou, soit un tiers du personnel diplomatique russe à Oslo. Un record qui traduit une tendance bien réelle : les espions sont de retour, et pas que sur Internet.

Michael Jonsson évoquait récemment dans Politico les années 2020 comme la “décennie de l’espionnage” sur le Vieux Continent, en comparant la situation à celle des années 1980 aux États-Unis. Un titre que nous avons choisi de reprendre dans l’article de Politiken qui ouvre notre dossier cette semaine. “Le nombre d’affaires rappelle la guerre froide, qui a officiellement pris fin en 1991 avec l’effondrement de l’Union soviétique”, explique le quotidien danois.

Politiken cite largement l’article de l’expert suédois évoqué plus haut. Dans les années 1980, il y avait en moyenne sept à huit condamnations par an pour espionnage aux États-Unis. Certaines grandes affaires ont particulièrement marqué les mémoires : Jonathan Pollard, Aldrich Ames… Trois décennies plus tard, en Europe, 42 personnes ont été condamnées pour espionnage entre 2010 et 2021 (dont 37 au profit de la Russie), précise Michael Jonsson. Contre une ou deux dix ans auparavant. C’est dire le basculement.

En Suède, récemment, écrit Politiken, “un couple russe a fait l’objet d’une arrestation spectaculaire, suspecté d’avoir constitué pendant des années une cellule dormante, presque comme dans la série The Americans”. Voilà pour la machine à fantasmes. Mais les inquiétudes, elles, sont bien là.

La candidature de la Suède à l’Otan a renforcé la paranoïa de Moscou, avance Politiken, qui cite le rapport annuel de la Säpo. “Les actions du régime sont imprévisibles, et il n’hésite pas à prendre de grands risques”, notamment dans le recrutement d’agents, détaille le rapport. Il y a urgence :

“L’agression contre l’Ukraine a entraîné un besoin accru de la Russie en techno­logies pour maintenir sa capacité militaire.”

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :