Afghanistan : la reconstruction impossible à chiffrer

Effectifs des forces de sécurité, système éducatif… Aucune donnée fiable sur l’état du pays n’est disponible selon les Américains.

Quels sont les effectifs de l’armée et de la police afghanes ? Officiellement, ils atteignaient 328 805 hommes en février. Mais en réalité ? Personne ne sait. C’est l’une des conclusions du dernier rapport trimestriel remis au Congrès américain par John Sopko, responsable de l’Inspection générale de la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar).

Illettrés. Dans un document de 260 pages, Sopko liste les derniers ratés d’une reconstruction qui a coûté près de 110 milliards de dollars (97,7 millions d’euros) aux Etats-Unis depuis 2002, un montant supérieur à celui du plan Marshall lancé après la Seconde Guerre mondiale.

La question des effectifs des forces de sécurité afghanes est primordiale. Alors que l’Otan et les Etats-Unis achèvent leur retrait, ce sont elles qui se retrouvent en première ligne face aux talibans. Mais treize ans après le début de la guerre, le Sigar note que l’armée afghane n’a toujours pas de système informatique permettant de comptabiliser le nombre de ses soldats. Les listes de présence sont au mieux émargées manuellement, souvent par une simple croix, beaucoup de soldats étant illettrés. Cela permet à des commandants corrompus de déclarer plus d’hommes qu’ils n’en ont réellement et de récupérer la paie de leurs soldats fantômes.

Pavot. L’inspecteur américain note également l’échec de la politique de lutte contre le pavot. Malgré les 8,4 milliards de dollars dépensés, l’Afghanistan continue de produire 90% de l’opium mondial. L’arrachage des plants de pavot s’avère totalement inefficace. L’an dernier, les surfaces cultivées ont encore augmenté de 7%, dépassant 2 000 kilomètres carrés.

John Sopko critique aussi le manque de contrôle du système éducatif, souvent présenté comme l’un des principaux succès. Les chiffres officiels sont pourtant pour le moins sujets à caution. Le ministère de l’Education ne considère par exemple (...)

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