Afghanistan: les présentatrices télé se couvrent finalement le visage après avoir d'abord défié l'ordre des talibans

Le chef suprême des talibans a émis début mai un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public. Les journalistes femmes avaient d'abord choisi de ne pas se plier à cet ordre.

Les présentatrices des grandes chaînes de télévision afghanes sont apparues ce dimanche à l'antenne le visage couvert, se conformant à un ordre des talibans un jour après l'avoir défié.

Depuis leur retour au pouvoir l'année dernière, les talibans ont imposé une série de restrictions à la société civile, dont une grande partie visent à soumettre les femmes à leur conception austère de l'islam.

Au début du mois, le chef suprême des talibans a émis un ordre selon lequel les femmes devaient se couvrir entièrement en public, y compris le visage, idéalement avec la burqa, un voile intégral doté d'une grille en tissu au niveau des yeux. Auparavant, seul un foulard couvrant les cheveux suffisait.

Le redouté ministère afghan de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice avait ordonné aux présentatrices de télévision de s'y conformer d'ici samedi. Les journalistes femmes avaient d'abord choisi de ne pas se plier à cet ordre, en passant à l'antenne en direct sans dissimuler leur visage.

"Contraints et forcés"

Avant de faire volte-face. Dimanche, les présentatrices portaient le voile intégral, laissant uniquement voir leurs yeux et leur front, pour présenter les journaux sur les chaînes TOLOnews, Ariana Television, Shamshad TV et 1TV.

"Nous avons résisté et étions contre le port" du voile intégral, a assuré Sonia Niazi une présentatrice de TOLOnews.

"Mais TOLOnews a subi des pressions, (les talibans) ont dit que toute présentatrice qui apparaissait à l'écran sans se couvrir le visage devait se voir confier un autre travail", a-t-elle relaté.

Le directeur de TOLOnews, Khpolwak Sapai, a indiqué que la chaîne avait été "forcée" de faire appliquer l'ordre par son personnel.

"On nous a dit: vous êtes obligés de le faire. Vous devez le faire. Il n'y a pas d'autre solution", a déclaré Khpolwak Sapai. "J'ai été appelé au téléphone hier et on m'a dit en termes stricts de le faire. Donc, ce n'est pas par choix que nous le faisons, mais contraints et forcés", a-t-il déploré.

La menace d'un licenciement

Mohammad Sadeq Akif Mohajir, porte-parole du ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, a déclaré que les autorités n'avaient pas l'intention de forcer les présentatrices à quitter leur emploi.

"Nous sommes heureux que les chaînes aient correctement exercé leur responsabilité", a-t-il commenté.

Les talibans ont ordonné que les femmes travaillant au sein du gouvernement soient licenciées si elles ne respectent pas le nouveau code vestimentaire. Les employés de sexe masculin risquent également d'être suspendus si leurs épouses ou leurs filles ne s'y conforment pas.

Les talibans ont repris le pouvoir en août 2021 en annonçant un régime plus souple que lors de leur premier règne rigoriste.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - En Afghanistan, les talibans ordonnent aux commerçants de décapiter leurs mannequins en plastique