Afghanistan: L'US Air Force se prépare à intensifier les frappes
BAGRAM, Afghanistan (Reuters) - Les pilotes de la base américaine de Bagram, en Afghanistan, se préparent à intensifier les frappes aériennes après l'annonce de la nouvelle stratégie de Donald Trump pour mettre au fin au conflit. Lundi, le président américain a promis de renforcer les effectifs de l'armée américaine mais n'a pas donné d'objectifs chiffrés ou de calendrier permettant d'évaluer l'efficacité des Etats-Unis sur le terrain. En huit mois, les Etats-Unis ont mené 2.244 frappes aériennes en Afghanistan, contre 1.074 pour toute l'année 2016. A Bagram, au nord de Kaboul, les pilotes s'attendent à intensifier les bombardements contre les taliban et les autres groupes rebelles, comme la branche afghane de l'organisation Etat islamique (EI). "Entre les deux groupes, les taliban sont plus malins", estime le major Daniel Lindsey, un pilote de F-16. "Ils sont plus durs à tuer". D'après lui, les taliban sont mieux intégrés dans la société, ce qui en fait des cibles plus difficiles à atteindre, contrairement aux islamistes de l'EI. "Personne n'aime l'Etat islamique, donc les combattants sont souvent isolés". PLUS DE SOUPLESSE Jeudi, le général John Nicholson, chef des forces américaines et de la mission de l'Otan en Afghanistan, a confirmé que les frappes aériennes allaient s'intensifier. "Nous savons que l'ennemi craint notre puissance aérienne", a-t-il dit à la presse. Mais un porte-parole des taliban affirme que les insurgés savent désormais comment éviter les bombes. "De 2010 à 2012, les frappes aériennes américaines étaient efficaces et nous avons perdu beaucoup de combattants", a dit à Reuters Zabihullah Mudjahid. "Mais, maintenant, nous avons assez d'expérience pour éviter les pertes pendant les raids aériens en nous cachant dans les montagnes". Sous le gouvernement de Barack Obama, les responsables militaires avaient exprimé en privé leur frustration de ne pouvoir frapper de nombreux objectifs des taliban, notamment leurs camps d'entraînement. Il faut toujours des conditions précises, comme une menace directe pour les forces américaines ou l'Etat afghan, pour justifier les raids, explique le capitaine William Salvin, porte-parole de l'armée des Etats-Unis à Kaboul. Pour la secrétaire à la Force aérienne des Etats-Unis, Heather Wilson, le discours de Trump a semblé accorder plus de souplesse à l'armée pour frapper les insurgés. "Je pense que l'orientation donnée hier soir par le président était plutôt claire; nous irons à l'offensive et détruirons ces réseaux terroristes", a-t-elle ajouté. La guerre qui dure depuis près de 16 ans en Afghanistan a coûté la vie à quelques 2.400 militaires américains. (Josh Smith, avec Mirwais Harooni à Kaboul; Arthur Connan pour le service français)