Affaire Rubiales: la fédération espagnole s'enfonce en publiant une analyse de photos pour charger Hermoso sur le baiser
Discrètement, sans relai sur les réseaux sociaux, la fédération espagnole de football (RFEF) a publié vendredi soir un long communiqué pour accuser Jennifer Hermoso d'avoir menti sur le baiser du président Luis Rubiales.
Pour démentir les affirmations de la joueuse, déclarant n'avoir "à aucun moment consenti au baiser" et "en aucun cas cherché à soulever le président", l'instance propose une analyse de quatre photos de la cérémonie de remise des médailles de la Coupe du monde à Sydney. Ces clichés, non-crédités mais pris quelques secondes avant le baiser, amènent la fédération à cette conclusion: "Les preuves sont concluantes. M. le président n'a pas menti".
Pas de vidéo et pas de photo du baiser
Pour la première photo, la fédération écrit: "Mme Jennifer Hermoso, avec ses bras, saisit M. le Président de la RFEF par derrière, alors que M. le Président a ses bras autour du haut du dos de la joueuse. Aucune force n'a donc pu être exercée. On peut voir que les talons des pieds de M. le Président sont légèrement surélevés".
Deuxième photo: "Mme Jennifer Hermoso garde ses bras autour du dos de M. le Président. M. le Président garde ses bras sur le haut du corps de la joueuse. On peut voir que M. le Président a déjà les talons beaucoup plus hauts".
Troisième photo: "Mme Jennifer Hermoso continue à maintenir ses bras dans la même position que le corps du président, alors que ce dernier doit rapprocher ses bras du dos de la joueuse parce qu'il est soulevé et pour maintenir son équilibre. Il est incontestable que le dos de Mme Jennifer Hermoso est incliné lorsqu'elle produit cette force. Les pieds de M. President sont clairement et manifestement soulevés du sol à la suite de l'action exécutée par la joueuse".
Quatrième photo: "Mme Jennifer Hermoso continue à maintenir ses bras dans la même position que le corps du président, tandis que ce dernier doit continuer à s'accrocher à la joueuse pour ne pas tomber, et il est évident que la cambrure du corps de la joueuse correspond à la force de soulèvement exercée sur M. le président. Les pieds de M. le Président sont ostensiblement soulevés du sol par l'action de la joueuse".
Aucune des photos présentées ne montre le baiser de Luis Rubiales. Le communiqué ne présente pas non plus de vidéo de l'intégralité de la scène.
Plusieurs recours enclenchés
Luis Rubiales, qui a refusé de démissionner, promet des actions judiciaires contre ceux qui l'accusent. Une contre-attaque qui concerne aussi le syndicat Futpro, par lequel les joueuses de la sélection espagnole ont annoncé leur retrait.
L'affaire, qui suscite une immense vague de contestation ne se limitant pas au monde du football féminin ni même celui du football masculin, est remontée jusqu'à la FIFA. Une procédure disciplinaire a été ouverte jeudi par l'instance mondiale. Le Conseil supérieur des Sports, un organisme du gouvernement espagnol, a annoncé qu'il allait porter l'affaire devant le Tribunal administratif des Sports dans les prochains jours. Si le tribunal concluait que ce baiser est une faute selon le code du sport professionnel, le dirigeant pourrait être suspendu.