Affaire Pelicot : les propos du maire de Mazan choquent à l’étranger et notamment au Royaume-Uni

Dans une interview diffusée par la BBC, Louis Bonnet évoque ce procès d’envergure pour viols aggravés, qui s’est ouvert le 2 septembre dernier.

C’est un procès au fort retentissement, et jusqu’au-dehors des frontières nationales. Alors que l’audience, un temps suspendue en raison de l’état de santé du principal accusé Dominique Pelicot, a repris lundi 16 septembre, ce sont les propos du maire de Mazan qui font réagir. À lire certains internautes et médias anglo-saxons, les propos de Louis Bonnet, édile divers droite de la ville où se sont produits les faits, participent à perpétuer la culture du viol.

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Interrogé par un journaliste de la BBC dans le cadre d’un reportage diffusé mardi 17 septembre au soir, le maire de cette commune de 6 000 habitants proche de Carpentras a semblé minimiser la portée des faits. Selon les enquêteurs, Dominique Pelicot, un retraité aujourd’hui âgé de 71 ans, a eu recours à la soumission chimique pour violer son épouse durant une dizaine d’années, et la faire violer par des dizaines d’autres hommes recrutés sur le site internet Coco, depuis fermé.

« Ça aurait pu être plus grave, il n’y a pas eu d’enfants impliqués, aucune femme n’est morte », a en l’occurrence affirmé Louis Bonnet au micro de la chaîne britannique. « Ce sera difficile pour la famille, mais ils pourront se reconstruire. Après tout personne n’est mort », a-t-il ajouté. Un discours qui n’a pas manqué de choquer certains téléspectateurs outre-Manche.

D’autant que ce n’est pas la première fois que le maire de Mazan tient des propos similaires aux médias étrangers. Dans un article de la BBC datant du 10 septembre, l’édile de 74 ans avait déjà tenté de minimiser les conséquences du procès sur sa commune, mettant par exemple en avant que la plupart des 51 hommes accusés viennent plutôt de villages voisins. Pourtant, une trentaine d’hommes présents sur les vidéos de viols, enregistrés par Dominique Pelicot lui-même, n’ont jamais pu être identifiés.

À propos de la victime, Gisèle Pelicot, Louis Bonnet a aussi estimé que ses viols étaient moins inquiétants que ceux d’une autre victime à Carpentras, qui « était consciente lorsqu’elle a été violée (...) et portera le traumatisme physique et mental pendant longtemps, ce qui est encore plus grave ». « Lorsque des enfants sont impliqués ou que des femmes sont tuées, c’est très grave car il n’y a pas de retour possible », a-t-il insisté, suggérant qu’il n’y aurait pas de conséquences à long terme dans ce cas précis.

Pour certains, le discours du maire est caractéristique d’une vision des violences sexuelles répandue socialement et qui contribue à les banaliser, caractéristique de la culture du viol. Dans une tribune publiée par The Oberver et titrée « Gisèle Pelicot défie à elle seule les mythes encore trop répandus sur le viol », l’autrice et journaliste britannique Yvonne Roberts s’attaque aux éléments de langage de Louis Bonnet, qu’elle qualifie de « récit répugnant qui devrait avoir fait son temps », selon elle.

Sur les réseaux sociaux aussi, des femmes ont aussi dénoncé la position du maire. Sur X, une internaute interpelle comme suit le président de la République : « Est-ce acceptable de la part d’un homme exerçant une fonction publique ? »

« La différence entre les attitudes masculines et féminines dans cet article est si consternante », écrit une autre utilisatrice, à propos du reportage de la BBC qui contient les témoignages de plusieurs habitants et habitantes de Mazan sur le procès. Elle suggère par ailleurs que certains hommes ne sont pas capables d’« empathie » avec les femmes.

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