Affaire Péchier: l'anesthésiste de Besançon interdit d'exercer toute activité médicale
Le docteur Frédéric Péchier, anesthésiste mis en examen pour 24 empoisonnements de patients, s'est vu notifier une interdiction d'exercer toute activité médicale, quelques semaines après une précédente décision de justice qui l'autorisait à exercer comme simple médecin, a-t-on appris lundi auprès de son avocat.
La défense a reçu du juge chargé d'instruire le dossier "une ordonnance d'interdiction pour le docteur Péchier d'exercer toute activité médicale", a indiqué à l'AFP l'un de ses conseils, Maître Randall Schwerdorffer, confirmant une information de France Bleu Besançon.
"On va faire appel de cette décision devant la chambre de l'instruction" de la Cour d'appel de Besançon, a annoncé Maître Schwerdorffer, dénonçant un "acharnement judiciaire pour empêcher le docteur Frédéric Péchier de retrouver un semblant d'existence".
Une ambigüité sur la première décision
Cette interdiction intervient après la décision le 11 janvier de la chambre de l'instruction qui avait estimé au contraire qu'il pouvait exercer un activité médicale, à l'exception de celle d'anesthésiste-réanimateur.
Saisie par la défense de Frédéric Péchier, la juridiction avait alors apporté sa lecture d'une décision du juge des libertés et de la détention (JLD) interdisant initialement au docteur Péchier "d'exercer la profession de médecin-anesthésiste". Une décision initiale longtemps interprétée comme une interdiction globale d'exercice de la médecine - à tort selon la chambre de l'instruction.
Cette dernière avait également allégé le contrôle judiciaire du docteur Péchier, l'autorisant notamment à revenir dans le Doubs où résident ses enfants, mais l'obligeant à conserver son domicile principal dans la Vienne, où il vit chez ses parents. Ces points n'ont pas été modifiés par l'ordonnance du juge d'instruction signifiée lundi, selon Maître Schwerdorffer.
Le procureur s'opposait à l'autorisation d'exercer
La décision de la chambre de l'instruction avait suscité l'ire du procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, qui avait annoncé le lendemain lors d'une conférence de presse son intention de saisir le juge d'instruction, estimant "pas un seul instant envisageable" que Frédéric Péchier, certes "présumé innocent" mais mis en examen, "soit autorisé à exercer" la médecine.
Sollicité par l'AFP, Etienne Manteaux n'avait pas réagi en début de soirée.
Frédéric Péchier, 51 ans, est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
Il est mis en examen pour 24 cas d'empoisonnement, dont neuf mortels. Depuis septembre, il est en outre soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels.
Le praticien clame son innocence depuis le début de l'affaire.