Affaire McKinsey: Bruno Le Maire divise le gouvernement après avoir dénoncé des "abus"

Les propos de Bruno Le Maire concernant les informations judiciaires ouvertes sur l'éventuel favoritisme dont aurait bénéficié le cabinet privé McKinsey sur des contrats publics font beaucoup réagir, y compris au sein du gouvernement.

"Je le reconnais bien volontiers, je pense que nous sommes allés trop loin." Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a reconnu ce dimanche sur France 3 une "dérive" et des "abus" de la part "du gouvernement et des précédents", concernant le recours aux cabinets de conseil.

Des propos inédits de la part d'un membre de l'exécutif sur cette affaire alors que deux informations judiciaires ont été ouvertes par la justice sur l'intervention de ces cabinets dans les campagnes électorales d'Emmanuel Macron en 2017 et 2022, pour tenter de savoir si ceux-ci n'auraient pas indûment été ensuite favorisés dans l'attribution de contrats publics.

Bruno Le Maire a ainsi surpris, y compris ses collègues. "Il a tapé fort. Cela paraît difficile d'imaginer qu'il l'ait fait sans autorisation... Mais la réalité c'est qu'encore une fois, Bruno a joué sa carte personnelle", déclare une ministre.

"Il veut jouer le chevalier blanc, se démarquer de ces pratiques. Mais le mot 'abus' est trop fort, cela donne l'impression qu'on a mal agi", a sévèrement jugé un conseiller de l'exécutif.

L'entourage de Bruno Le Maire, lui, assume totalement les propos du ministre ce dimanche: "Les cabinets de conseil, on y a eu beaucoup recours, comme d'autres gouvernements, par facilité. C'est utile, parfois nécessaire, mais on peut aussi faire appel à l'administration".

Bercy le rappelle, l'ancien Premier ministre Jean Castex avait posé un constat similaire l'année dernière, et fixé l'objectif de réduire de 15% le recours à ces cabinets. Le ministère de l'Économie et des Finances a voulu aller plus loin, et avance une baisse de 34%.

La prise de position d'Olivier Véran fait ne serait pas anodine

Ce lundi matin, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a pris publiquement ses distances avec l'expression de Bruno Le Maire. "Je ne sais pas ce que c'est qu'une dérive ou un abus...", a déclaré l'ancien ministre de la Santé sur France Inter.

Ce petit couac illustre une réalité plus étonnante. Selon nos informations, aucune consigne ni élément de langage n'ont été passés au gouvernement après la révélation des soupçons sur les comptes de campagne d'Emmanuel Macron. "Après la prise de parole du président à Dijon vendredi, il aurait fallu qu'on nous dise: la ligne à tenir, c'est uniquement celle-ci !", regrette la conseillère d'un ministre.
Aux journalistes qui l'interrogeaient en fin de semaine dernière, Emmanuel Macron avait estimé qu'il n'était pas au cœur de l'enquête du Parquet national financier. Et avait jugé "normal" que la justice fasse son travail.

Article original publié sur BFMTV.com

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