Affaire Lina : les nouveaux éléments révélés par le procureur de Strasbourg

Lina, 15 ans, a disparu il y a près d’un an, jour pour jour. Parmi les nouveaux éléments soulignés par le procureur de Strasbourg : des cordelettes, retrouvées dans le coffre du véhicule du suspect.

Le procureur de Strasbourg a révélé quelques informations liées à la disparition de Lina (capture d'écran Facebook)

Au fil des mois, l’enquête a levé le voile sur la disparition de Lina Delsarte, qui disparaissait le 23 septembre 2023 dans le Bas-Rhin, entre son domicile de Plaine et la gare de Saint-Blaise-la-Roche.

Près d’un an après les faits, le procureur par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier, a dévoilé ces nouveaux éléments lors d’une conférence de presse.

Le véhicule du suspect, une Ford Puma que les autorités ont localisé dans le sud de la France 10 mois après les faits, se trouvait bien sur le lieu exact de la disparition de Lina, a confirmé le procureur.

Les enquêteurs n’ont détecté "aucune trace de sang" dans la voiture. Ils ont néanmoins retrouvé l’ADN de Samuel Gonin, conducteur du véhicule et suspect principal, et celui de Lina, présent à l'arrière de la voiture, sur les sièges et la ceinture de sécurité. À l’intérieur de la boîte à gants gisait le sac à main de l’adolescente rempli de ses effets personnels – miroir, faux cils, écouteurs, etc.

Dans le coffre se trouvaient également deux cordes, dont l’une comporte l’ADN de la jeune fille et de Samuel Gonin, "ce qui tend à démontrer que Lina, à un moment ou à un autre, a été ligotée", a expliqué le procureur. Plusieurs couteaux de cuisine ont été saisis dans la Ford Puma mais "aucun ne présente de traces de sang".

Considéré comme le suspect principal, Samuel Gonin était un ancien professeur de menuiserie au lycée professionnel Saint-Joseph (Besançon), âgé de 43 ans. Père de deux enfants, il avait quitté sa famille et son travail à l’été 2023, période "qui marque une rupture dans son parcours", précise Alexandre Chevrier. Dès lors, consommant cannabis et cocaïne, Samuel Gonin "mène une vie d’errance" et voyage à travers le territoire français.

Le 23 septembre 2023, Samuel Gonin roulait à bord de la Ford Puma, un véhicule volé, depuis un mois. Alors qu’il était seul dans la voiture, le matin avant la disparition de Lina, le suspect a commis un vol d’essence à Ettlingen, en Allemagne – un vol de carburant parmi de nombreux autres, commis avant et après la disparition de Lina, tous confirmés par des images de vidéosurveillance.

Le suspect était déjà poursuivi pour vols avec violence après avoir agressé deux femmes coup sur coup, en août 2023. La première victime, âgée de 91 ans, témoignait auprès de BFMTV de son agression à Besançon (Doubs), alors qu’elle rentrait chez elle après un bref passage à la poste. "Il m'a fait retomber sur mon bras, qui s'est cassé", raconte-t-elle après qu’il lui a arraché son sac et se soit enfui.

Après avoir laissé des écrits, "dont aucun ne fait référence expressément à la disparition de Lina", précise le procureur, Samuel Gonin s’est suicidé le 10 juillet 2024 à son domicile de Bisontin.

Il ignorait, au moment de son suicide, que la Ford Puma avait été saisie. "Samuel Gonin a tout fait pour se rendre indétectable", ajoute le procureur. Il avait désactivé le GPS de son véhicule et n’a utilisé aucun ligne téléphonique entre août et décembre 2023. Les experts ont souligné un "trouble de la personnalité de type borderline" et "un état dépressif important", rapporte Alexandre Chevrier.

Enfin, l'analyse des données du téléphone de Lina permet de montrer qu'il n’y a eu "aucun contact avec Samuel Gonin" avant la disparition de l’adolescente, note le procureur. "Sa téléphonie, conjuguée avec le travail du chien, permet de montrer où elle disparaît à 11 h 22 sur la D350".

Si le corps de l’adolescente n’a pas été retrouvé, "tout est toujours possible", a répondu le procureur de Strasbourg à une journaliste. L’enquête se poursuit de manière active, les enquêteurs cherchent notamment à savoir si le suspect a pu commettre d’autres délits.