Affaire Hedi : Mediapart dévoile des images de vidéosurveillance du tir de LBD et de l’agression d’Hedi
Dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, quatre policiers commettent des violences sur un garçon de 20 ans coupable d’aucun délit. Alors que les agents de la BAC nient ou minimisent toujours les faits, ces images semblent plutôt accabler les policiers.
POLICE - Gravement blessé par un tir de LBD à Marseille lors des nuits d’émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre, Hedi a depuis accusé la police de l’avoir visé et roué de coups. Les policiers interrogés ont pourtant minimisé les faits, à l’exception de l’un d’entre eux. Mais ce lundi, des images dévoilées par Mediapart viennent renforcer le témoignage accablant du jeune homme défiguré.
Le site d’investigation a en effet dévoilé lundi 2 octobre des enregistrements de vidéosurveillance de la nuit du 1er au 2 juillet, où l’on peut voir les violences commises par quatre policiers.
Ce sont ces images qui avaient conduit à la mise en examen des quatre agents et au placement en détention provisoire pendant 40 jours de l’auteur du tir de LBD qui a touché Hedi. Ce dernier avait finalement été libéré le 1er septembre.
Nez à nez avec la BAC
Sur les images de deux caméras de surveillance, on peut d’abord voir les policiers remonter une rue et vérifier l’état des devantures de certains magasins lors de cette nuit d’émeutes. Peu de temps après Hedi et un ami entrent dans cette même rue, « curieux de voir ce qu’il s’y passe », d’après Mediapart. Pour autant, l’enquête confirme que le jeune homme de 20 ans n’a commis aucun délit.
Une fois au croisement des rues filmées par les deux caméras de surveillance, les deux amis tombent pratiquement nez à nez avec trois policiers de la BAC de Marseille. Hedi, reconnaissable à la cigarette qu’il a allumée quelques instants auparavant, est alors pris de panique et tente alors de fuir avec son ami.
#Révélations Mediapart publie les enregistrements de vidéosurveillance montrant les violences commises par quatre policiers sur #Hedi, dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille.
Ces images accablent les policiers.
Notre enquête vidéo en intégralité 👉https://t.co/fXErkNvrlH pic.twitter.com/p1CBORXB8u— Mediapart (@Mediapart) October 2, 2023
Auprès de l’IGPN, Hedi avait ensuite expliqué être « parti en courant », effrayé par ces policiers aux visages fermés et visiblement « très tendus ». Durant sa course, Hedi reçoit alors un tir de LBD de dos, dont le projectile atteindra finalement la tête du jeune homme, ce qui est formellement interdit.
Malgré la piètre qualité des images, une ombre montre la chute d’Hedi au sol. Relevé ensuite par un autre agent, il est entraîné au coin de la rue, à l’abri des regards. Une balayette plus tard, Hedi est de nouveau à terre et subit alors les coups violents des agents de la BAC. Des coups de pied et de poing clairement visibles sur ces autres images. Le jeune homme sera finalement relâché quelques instants plus tard.
De nombreuses incohérences
Durant ces « 44 secondes » de violence, de nombreux éléments viennent contredire la version des policiers. Durant leurs auditions, ils avaient notamment évoqué la présence de jets de projectile dans leur direction ce soir-là. Mais comme constaté par Mediapart sur les images de vidéosurveillance, aucun jet de pierre -ou tout autre objet- n’est visible entre l’arrivée des policiers dans la rue à 1h51 et leur départ en voiture à 2h05.
L’autre incohérence largement mise en lumière par ces révélations, c’est la distance du tireur au LBD par rapport à Hedi. Lors de son audition, le policer de la BAC avait affirmé qu’il se trouvait à « 10-15 mètres, peut-être 15-20 mètres » de Hedi au moment de son tir.
Pourtant, les constatations de Mediapart, compte tenu des caméras et de l’emplacement des protagonistes dans l’espace urbain, laisse à penser que la distance de tir de tir était plutôt entre 5 mètres et 8,15 mètres. Interrogée, la Direction générale de la police nationale (DGPN) n’a pas été en mesure de confirmer à Mediapart la distance minimale à respecter.
Parmi les autres points nébuleux, l’implication de la commandante de la BAC, qui a toujours nié avoir assisté aux violences, mais qui semble pourtant présente juste après le tir de LBD ayant touché Hedi à la tête.
Invité à réagir, l’avocat d’Hedi, Jacques-Antoine Preziosi, « ne voit pas comment la commandante peut échapper à une mise en examen », confie-t-il au Parisien après la découverte de ces nouvelles images, qu’il juge d’ailleurs de bien meilleure qualité que celles mises à disposition durant la procédure.
Mises en lumière par Mediapart, la légitimité du tir de LBD et l’implication de la commandante de la BAC font partie des points sur lesquels l’enquête ouverte par le parquet de Marseille doit encore statuer.
VIDÉO - Hedi, victime d'un tir de LBD par un policier début juillet se dit "très déçu" après la libération du policier après 40 jours de détention provisoire