Affaire Grégory: Murielle Bolle est mise en examen

Murielle Bolle a été mise en examen pour enlèvement de mineur suivi de mort. /Photo d'archives/REUTERS/Robert Pratta

STRASBOURG (Reuters) - Murielle Bolle, un témoin clé dans l’affaire du petit Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et poings liés dans une rivière des Vosges le 16 octobre 1984, a été mise en examen, jeudi, pour enlèvement de mineur suivi de mort, a annoncé le parquet général de Dijon dans un communiqué. Elle avait été placée en garde à vue mercredi dans les Vosges. Cette mise en examen est la troisième qui survient en quinze jours, parmi les proches de la famille Villemin, depuis que cette énigme judiciaire vieille de bientôt 33 ans a été réactivée par la présidente de la chambre de l’instruction de Dijon, Claire Barbier. Murielle Bolle, âgée de 15 ans à l’époque, avait mis en cause Bernard Laroche, qui était son beau-frère et le cousin du père de Grégory, comme étant celui qui avait enlevé et peut-être tué le garçon de quatre ans alors qu’elle l’accompagnait dans sa voiture au moment des faits. Elle avait réitéré ces aveux devant le juge d’instruction, puis s’était rétractée une fois revenue dans sa famille, des dénégations qu’elle a toujours maintenues par la suite. "Cette affaire fonctionne comme un ragot récurrent. Un membre éloigné de la famille vient déclarer qu’elle lui aurait confié que ce qu’elle avait dit aux gendarmes était exact", a expliqué à la presse son avocat, Me Jean-Paul Teissonnière. "C’est très troublant pour nous car depuis que l’affaire a été réveillée par la mise en examen des Jacob, on assiste à une sorte de frénésie d’aveux", a-t-il ajouté. Le procureur général, Jean-Jacques Bosc, a évoqué, lors d’un point de presse, les violences qu’aurait subies la jeune fille de la part de sa famille pour revenir sur ses aveux. "Un cousin a été témoin des violences dont elle a fait l’objet. La gendarmerie a recueilli d’autres informations tendant à la réalité de ces violences, notamment des témoignages des voisins", a-t-il indiqué, précisant que Murielle Bolle contestait ces témoignages. Agée aujourd’hui de 48 ans, elle a été placée en détention provisoire en attendant que la chambre de l’instruction se prononce, mardi prochain, sur la prolongation ou non de cette mesure. DE POSSIBLES PRESSIONS FAMILIALES Me Thierry Moser, avocat de Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de Grégory, s’est félicité de cette nouvelle avancée du dossier. "La vérité est en marche", a-t-il écrit dans un communiqué. "Il est acquis que Murielle Bolle a subi des pressions inadmissibles imputables à son entourage familial pour l’amener à des rétractations au début de l’enquête, (qu’elle a été) surveillée et contrôlée de façon constante par son entourage pour qu’elle persiste dans la voie de déclarations contraires à la vérité", a-t-il ajouté. Après les aveux de sa belle-sœur, Bernard Laroche avait été inculpé pour assassinat mais remis en liberté trois mois plus tard, notamment en raison d’erreurs de procédure, avant d’être tué d’un coup de fusil par Jean-Marie Villemin. Christine Villemin, à son tour soupçonnée du crime et inculpée, a été innocentée en 1993 par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon devant laquelle l’affaire avait été dépaysée. La relance de l’affaire résulte notamment d’une nouvelle analyse d’un dossier riche de 12.000 pièces à l’aide du logiciel Anacrim dont est dotée la gendarmerie. Le grand-oncle et la grand-tante de Grégory, Marcel et Jacqueline Jacob, ont été mis en examen le 16 juin pour enlèvement et séquestration de mineur suivis de mort avant d’être remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire. Si l’auteur et les mobiles précis du crime restent à ce stade inconnus, le dossier a mis à jour des jalousies et des haines tenaces au sein de la famille Villemin qui pourraient expliquer l’enchaînement des faits et impliquer plusieurs personnes dans leur commission. (Gilbert Reilhac, édité par Caroline Pailliez)