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Affaire Darmanin: Dati dénonce la nomination de "quelqu'un qui a des pratiques indignes"

Rachida Dati à Paris, le 15 mars 2020 - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
Rachida Dati à Paris, le 15 mars 2020 - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

"Un comportement pas acceptable humainement." C'est par ces termes que Rachida Dati a qualifié, ce vendredi matin, les rapports que Gérald Darmanin a pu entretenir avec certaines femmes durant sa carrière. Invitée de France Info, après la parution de sa tribune dans Le Monde, l'ex-garde des Sceaux a vertement condamné la nomination de son ancien camarade sarkozyste au ministère de l'Intérieur.

D'après la maire Les Républicains du VIIe arrondissement de Paris, "il y a des pratiques et des comportements qu'on ne peut plus accepter de la part d'hommes de pouvoir, quel que soit le milieu ou le secteur".

Visé par une plainte pour viol par une ancienne militante de l'UMP, Sophie Patterson-Spatz, Gérald Darmanin voit la macronie - pour l'heure - faire bloc autour de lui. Qu'il s'agisse du Premier ministre Jean Castex ou de sa binôme de l'hôtel Beauvau, Marlène Schiappa, identifiée à ses combats en faveur de l'égalité hommes-femmes.

Question d'ordre moral?

Pour Rachida Dati, la question de la promotion du maire de Tourcoing à ce poste-clé n'est même plus d'ordre pénal. "Est-ce que le respect et la dignité des femmes, c'est moral? C'est un droit fondamental", estime-elle, qualifiant de "dégradants" les actes commis par Gérald Darmanin.

"Est-ce qu'on peut encore accepter qu'un homme, compte tenu de sa position ou de son statut, demander des faveurs sexuelles ou des actes forcés en contrepartie de quelque chose?", s'est-elle interrogée.

Gérald Darmanin a lui-même reconnu, dès janvier 2018, qu'il a "pu envoyer des SMS un peu lourds", sans préciser qui en a été la destinatrice. "J'ai sans doute dû ne pas être très fin", déclarait sur France Info celui qui, à l'époque ministre de l'Action et des Comptes publics, révélait avoir été accusé d'abus de faiblesse, d'abus de pouvoir et de viol.

"Les femmes ont peur"

Quand bien même les faits allégués remontent à 2009, la nomination de Gérald Darmanin représente une "atteinte grave à la dignité des femmes" selon Rachida Dati. Cette dernière assure avoir reçu des "centaines de messages" de soutien depuis la parution de sa tribune. Elle revendique par ailleurs avoir beaucoup agi, lorsqu'elle occupait la chancellerie de 2007 à 2009, pour combattre les violences faites aux femmes.

"Mais (...) si les femmes ont peur, les dispositifs ou les lois que vous votez ne serviront à rien", constate-elle.

Lorsqu'on lui rappelle que Gérald Darmanin doit pouvoir bénéficier comme n'importe quel justiciable de la présomption d'innocence, Rachida Dati rétorque qu'il s'agit là avant tout d'un "argument":

"Il faut arrêter de se cacher derrière des arguments et il faut maintenant se confronter à la réalité. (...) La présomption d'innocence, c'est indissociable de l'état de droit, (...) mais la présomption d'innocence, ici, n'est pas mise en cause. Il s'agit d'un comportement et d'une pratique que M. Darmanin lui-même à reconnus."

"Pratiques indignes"

Autre problème souligné par l'ancienne garde des Sceaux: celui de la possible convocation du ministre de l'Intérieur dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en juin par la cour d'appel de Paris.

"Qui va lui apporter la convocation? C'est la police. Il va être convoqué par ceux dont il a la responsabilité hiérarchique. Il va être interrogé par quelqu'un dont la carrière dépend de M. Darmanin. (...) Ça dépasse le droit des femmes", juge Rachida Dati.

La veille au Sénat, Jean Castex a qualifié de "dérives" les attaques dont Gérald Darmanin fait l'objet. "La dérive inadmissible, c'est d'avoir comme ministre de l'Intérieur quelqu'un qui a des comportements et des pratiques indignes", lui a répondu l'ex-candidate à la mairie de Paris sur France Info.

Article original publié sur BFMTV.com