Affaire Damien Abad: l'une de ses accusatrices déplore qu'il n'ait pas subi d'examen médico-légal

Accusé de viols par deux femmes, Damien Abad se défend en assurant que son handicap l'empêcherait de contraindre ses partenaires à un acte sexuel. Ce lundi, l'une de ses accusatrices, qui a déposé plainte à deux reprises pour deux classements sans suite, conteste cet argument et déplore que la justice n'ait pas imposé d'examen médico-légal à son agresseur présumé.

Pour le moment, c'est parole contre parole. Deux femmes accusent Damien Abad, comme l'a d'abord révélé une enquête publiée par Mediapart samedi, de les avoir violées en 2010 et 2011. Celui qui est depuis vendredi le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées rejette ces allégations et affirme que son propre handicap lui rendrait de toute façon impossible d'user de la force pour contraindre une partenaire à un acte sexuel.

Une ligne de défense que réfute à son tour l'une de ses accusatrices, qui se présente sous le prénom de Margaux dans les médias. Ce lundi, elle a d'ailleurs regretté auprès de franceinfo que la justice n'ait pas cherché à en avoir le cœur net en soumettant son agresseur présumé à un examen médico-légal.

Des "manquements" judiciaires selon la plaignante

Il faut dire que Margaux, qui a connu Damien Abad en 2009 lorsqu'elle était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris, et le futur ministre député européen sous les couleurs du Nouveau Centre, a par deux fois porté plainte contre celui-ci. Deux plaintes certes classées sans suite - la première fois en 2012 pour carence (c'est-à-dire en raison de l'absence ou du désistement de la plaignante lors d'une convocation), la seconde en 2017 faute d'éléments suffisants pour "caractériser l'infraction" - mais dont elle estime qu'elles auraient pu ouvrir une telle procédure.

"Il y a des manquements", a-t-elle pointé auprès de franceinfo, avant de détailler: "Moi, j'ai certains de mes proches qui ont été auditionnés. Et lui, non. J'ai eu un examen médico-légal et lui qui affirme ne pas pouvoir, à cause de son handicap, faire ce qu'il a fait, n'a pas eu d'examen."

Un médecin comme arbitre

En effet, dans un communiqué qu'il a fait circuler dès dimanche, Damien Abad a ainsi récusé: "Ces accusations relatent des actes ou des gestes qui me sont tout simplement impossibles à raison de mon handicap". Le ministre souffre en l'occurrence d'arthrogrypose, une maladie qui entrave ses articulations et gêne ses mouvements.

"Dans ma situation, l'acte sexuel ne peut survenir qu'avec l'assistance et la bienveillance de ma partenaire. Sans le consentement et la participation pleine et entière de l'autre, rien n'est possible", a-t-il avancé.

Devant cette contradiction apparente entre leurs deux récits, sa victime présumée a insisté auprès du site d'information: "Ça aurait été assez simple, pourtant, de pouvoir prouver qu'il est capable par un médecin".

"Si" et seulement si

Et en l'absence d'un nouvel acte judiciaire, la situation pourrait bien demeurer inchangée au plan politique. Telle est en tout cas l'axe qu'a indiqué ce lundi à la mi-journée la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, au cours de sa première conférence de presse: "L'établissement de la vérité, c'est à la justice de le faire (...) Elle est la seule à pouvoir ou devoir trancher".

La veille, lors d'une visite dans le Calvados, la Première ministre Élisabeth Borne avait promis: "Je peux vous assurer que s'il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on en tirera toutes les conséquences". Un double "si" qui résonne comme une double condition.

Article original publié sur BFMTV.com

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