Affaire Chalureau: Yannick Larguet, l'une des victimes, maintient que le mobile de l'agression était raciste
Il s'est "tu" pendant la Coupe du monde pour "préserver l'équipe de France" et "protéger" sa famille. Mais le procès en appel et des déclarations dans la presse le poussent à le sortir du silence. Victime avec Nassim Arif de coups portés par le rugbyman international français Bastien Chalureau lors d'une soirée à Toulouse en janvier 2020, Yannick Larguet (43 ans) prend la parole dans une interview accordée à L'Équipe. Il assure que le joueur de l'équipe de France a proféré des injures racistes à son égard lors de cette agression. Ce que l'intéressé nie.
"Je crois profondément à la deuxième chance. (...) Mais pour l'instant, je ne lui accorde pas cette deuxième chance, car il n'a pas reconnu le mobile raciste", dénonce Yannick Larguet, franco-gabonais et lui-même ancien joueur de rugby.
"Quand on se fait frapper par-derrière en rentrant dans un parking, en se faisant traiter de bougnoules, ce n'est pas une bagarre. C'est de la couardise la plus extrême", ajoute-t-il, assurant qu'il ne s'agissait pas d'une simple altercation de fin de soirée.
Menacé de mort
En première instance, à l'automne 2020, Bastien Chalureau avait été condamné à six mois de prison avec sursis. Le jugement avait retenu la circonstance aggravante du caractère raciste des propos tenus. Mais l'affaire n'a fait surface dans les médias qu'à l'approche de la Coupe du monde de rugby, quand Fabien Galthié a convoqué le joueur pour remplacer Paul Willemse.
"J'ai été choqué par le silence, par cette hypocrisie latente des médias, des instances, et, enfin, par le côté anachronique et tardif de la polémique", s'étonne Yannick Larguet, qui fait face aujourd'hui à des menaces de mort "proférées par des jeunes d'extrême droite" et qui "évoquent la mort de Martin Aramburu".
L'avocat général a requis une peine plus lourde
Dans le procès en appel, qui s'est tenu mi-novembre à Toulouse, l'avocat général a requis une peine de huit mois de prison avec sursis contre Bastien Chalureau. La décision de la cour d'appel sera rendue le 16 janvier.
À la barre, Bastien Chalureau a reconnu avoir bu ce soir-là et avoir porté des coups aux deux plaignants. Mais il nie leur avoir lancé "Ça va les bougnoules ?" comme l'affirment les victimes.
Lorsque l'affaire avait surgi dans les médias avant la Coupe du monde, Emmanuel Macron avait réagi en estimant qu'une confirmation en appel du jugement rendrait "préférable" que Bastien Chalureau ne porte plus le maillot de l'équipe de France.