Aéroport de Madère : pourquoi est-il considéré comme l’un des plus dangereux au monde ?

Des feux de forêts et vents violents ont provoqué l’annulation de nombreux vols à Madère. À ces difficultés s’ajoutent l’étonnante particularité de son aéroport considéré comme l’un des plus dangereux au monde. Ce qui complique grandement le retour des vacanciers chez eux.

Un avion décolle de l'aéroport de Madère (Crédit : Getty images)

Des milliers de touristes, dont de nombreux Français, sont toujours bloqués à l'aéroport Cristiano-Ronaldo de Madère au Portugal depuis plusieurs jours en raison d'incendies violents et de conditions météorologiques difficiles. Piégés et délaissés par les compagnies aériennes, les vacanciers désespérés sont contrants d’engager de nouveaux frais pour se loger et payer des nouveaux billets s’avion souvent à des tarifs exorbitants. Il faut dire que l’architecture particulière de l’aéroport portugais et la situation géographique de l’île compliquent radicalement le rapatriement des touristes.

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L’aéroport de Santa Catarina, rebaptisé Cristiano Ronaldo en hommage à l’enfant du pays quintuple Ballon d’Or, ne ressemble à aucun autre. Et pour cause, sa piste est construite en partie sur des pilotis. Pour faire venir les touristes sur cet archipel posé au beau milieu de l’Atlantique, un allongement de la piste a été décidé en 1994. "Le chantier a été gigantesque : 173 colonnes en béton ont été érigées pour soutenir une dalle de 180 mètres de large", rappelle Capital. De 1 600 mètres au début des années 1990, la piste mesure aujourd'hui 2 781 mètres de long. Le tout à une soixantaine de kilomètres au-dessus du niveau de la mer, faisant du décollage et de l’atterrissage une attraction touristique à part entière.

D’ailleurs, poser un avion de ligne à Madère requiert un savoir-faire qui n’est pas donné à tous les professionnels. En raison des difficultés techniques, notamment les vents violents, les pilotes doivent impérativement suivre une formation spéciale s’il veut faire décoller ou atterrir un avion sur l’île. Les images de ces atterrissages spectaculaires font régulièrement le tour du monde.

Chaque pilote se posant et décollant sur cette terre isolée doit "être entraîné pour la piste, soit en réel, soit au simulateur, au moins une fois tous les 6 mois", éclaire l’ancien pilote de ligne Jean Serrat sur BFMTV. Problème : les pilotes habilités à voler sur cet aéroport jugé comme l’un des plus dangereux au monde depuis sa mise en service il y a soixante ans se font rares.

Pointées du doigt pour leur indifférence à la situation de leurs clients, Ryanair ou easyJet ne sont en réalité pas en mesure d’enchaîner les allers-retours à une cadence infernale car ces compagnies low-cost ne disposent pas de suffisamment de pilotes formés à ces conditions difficiles dans leurs effectifs. Les touristes vont devoir prendre leur mal en patience avant de rentrez chez eux.