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"Adieu Paris", la nouvelle comédie anti-nostalgie d'Edouard Baer

Pierre Arditi et Bernard LeCoq dans
Pierre Arditi et Bernard LeCoq dans

Connu pour ses improvisations étonnantes et poétiques, Edouard Baer est aussi le réalisateur d'une poignée de comédies atypiques bousculant les habitudes des spectateurs. Sa quatrième réalisation, Adieu Paris, au cinéma ce mercredi 26 janvier, ne déroge pas à la règle.

Dans ce huis-clos aux allures de pièce de boulevard, un groupe de vieux artistes (Pierre Arditi, Bernard Le Coq, Daniel Prévost, Bernard Murat) se réunissent à la Closerie des Lilas à Paris pour disserter sur l'existence au crépuscule de leur vie. Une comédie satirique qui se moque des discours passéistes et de la nostalgie pour les Trente Glorieuses, toujours présentées comme un âge d'or.

"C'est le crépuscule de gens qui se sont pris pour des Dieux", précise Edouard Baer. "Les gens qui font croire que notre époque est moins bien que le passé me fascinent. Il y a des gens qui voudraient partir en emportant tout avec eux. Ça les rassure un peu..."

Un sujet qui divise

En vingt ans, Edouard Baer a construit une œuvre très différente de la production traditionnelle du cinéma comique français. Un pur hasard, jure-t-il: "On pense que je fais exprès, alors que ce n'est pas le cas. J'aimerais faire un film normal, comme les autres, mais la vérité, c'est que je ne sais pas très bien préparer un film." Adieu Paris témoigne malgré tout du soin qu'il apporte à l'image, sans cesse en mouvement, comme dans le cinéma indépendant américain des années 1970.

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Ce n'est pas la première fois qu'il passe derrière une caméra. Son premier essai, La Bostella (1999), satire de Nulle part ailleurs et du Centre de visionnage, "a un charme", bien qu'il soit "formellement raté". Son deuxième film, Akoibon (2005), sur un tournage qui s'en va à vau-l'eau, est "une erreur" malgré "des trucs dingues" et des prestations "exceptionnelles" de Benoît Poelvoorde et de Jean Rochefort. "Le scénario aurait nécessité plus de travail", reconnaît-il. "Mon personnage n'est pas très intéressant."

Baer se montre plus tendre avec Après la nuit (2017), déambulation nocturne dans Paris, et Adieu Paris, comédie crépusculaire sur des sexagénaires contemplant leur obsolescence. Le sujet divise: "Si [les critiques sont] sur le sujet, je n'ai pas de réponse", répond le réalisateur. "Si elles sont sur le contenu, je n'ai aucun problème avec ça. Je comprends que l'on puisse ne pas aimer ou ne pas être intéressé par ces gens. Si j'avais pensé à cela en écrivant, cela m'aurait empêché de faire les choses."

"Je n'aime pas l'entre-soi"

Le club privé très masculin d'Adieu Paris fait immanquablement penser au Caca's Club. Ce "Club des analphabètes cons mais attachants", fondé en 1984 par Frédéric Beigbeder, où Edouard Baer a fait ses premières armes avec Ariel Wizman, faisait comme dans celui d'Adieu Paris la promotion du réflexe dandy de se réfugier dans un monde imaginaire pour mieux faire abstraction de la réalité.

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Une comparaison qu'Edouard Baer récuse vertement: "Je ne sais pas ce que c'est le mot 'dandy'. Ce n'est pas un milieu qui m'intéresse. Je n'aurais pas fait de film sur des gens comme ça. J'ai vraiment pensé à des gens que j'ai aimés." Et d'ajouter:

"Je n'aime pas l'entre-soi. Celui que je montre [dans Adieu Paris] m'amuse parce que ce sont des gens qui viennent de milieux différents. Ils sont réunis par des goûts. C'est presque une école. Si vous aviez de l'esprit, vous rentriez. Ce n'est pas la reproduction d'un milieu. Ce n'est pas du tout un truc de fils de familles aisées."

Edouard Baer se dit au contraire "guéri" de la fascination pour les années 60 et 70 et de ses comédiens aux vies extraordinaires: "J'ai longtemps été enchanté par tout cela, puis à un moment, je n'y ai plus cru. C'est un monde imaginaire, la nostalgie. C'est un petit peu comme La France vue du Ciel. On nous parle du plus beau village de France, mais il faut être un oiseau pour le voir."

Article original publié sur BFMTV.com