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Adhésions en hausse, union... Pourquoi Christian Jacob a réussi son coup avec le congrès LR

Christian Jacob, entouré d'Éric Ciotti et Valérie Pécresse samedi 4 décembre 2021 - Anne-Christine Poujoulat - AFP
Christian Jacob, entouré d'Éric Ciotti et Valérie Pécresse samedi 4 décembre 2021 - Anne-Christine Poujoulat - AFP

Le mot d'ordre était donné depuis de longues semaines: samedi, à l'annonce des résultats du congrès des Républicains (LR), Christian Jacob a salué une "journée de rassemblement, journée d'union, d'unité pour la nation". Des mots dans la continuité de la "très belle image de rassemblement" dont il s'était gargarisé jeudi lors des résultats du premier tour.

Ce samedi, le couperet, pressenti, est tombé: c'est Valérie Pécresse qui a été désignée par 60,95% des militants pour incarner la droite à la présidentielle, contre 39,05% pour Éric Ciotti. Une première pour le parti, qui n'a jamais envoyé une femme dans la course à l'Élysée. La Francilienne a récolté 69.326 voix et son concurrent 44.412.

Plus tôt ce samedi, à moins d'une heure de la clôture du scrutin la vice-présidente déléguée des Républicains, Annie Genevard, se félicitait sur BFMTV d'"un succès incontestable" sur le plan de l'unité. "On a vu un parti rassemblé, des candidats respectueux les uns des autres", a étayé la députée du Doubs.

"Une véritable équipe de France autour de Valérie"

"Nous formerons une véritable équipe de France autour de Valérie", a réagi le vaincu Éric Ciotti, qui a eu la primeur du passage au pupitre à la suite de Christian Jacob, à côté de la candidate fraîchement investie dans la course à l'Élysée. "Une espérance se lève", a ajouté le député des Alpes-Maritimes, n'oubliant pas d'instiller des petites touches de son programme axé sur une ligne droitière, terminant ainsi: "Pour que la France reste la France."

Dans son premier discours de candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse a eu un mot pour chacun de ses quatre adversaires au congrès, tous autour d'elle pour une "photo de famille".

La candidate a repris les lignes de force de leur programme respectif, s'engageant à restaurer "la fierté française" envers Éric Ciotti, "sauver les services publics", auprès de Philippe Juvin, "défendre la justice sociale" pour Xavier Bertrand, et remettre la France au premier plan, comme le prônait Michel Barnier.

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"Pas d'affrontements internes"

Il semble loin le temps des petites phrases assassines, récurrentes lors de la primaire ouverte de 2016. Personne n'a oublié le tacle frontal de François Fillon à Nicolas Sarkozy, "qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen?", ou, au choix, le "Commence d'abord par essayer d'être élu" de Nicolas Sarkozy à Bruno Le Maire lors du deuxième débat des sept candidats.

Contrairement à 2016, "ils ont réussi à ce qu'il n'y ait pas d'affrontements internes", observait le politologue Pascal Perrineau auprès de BFMTV.com, quelques heures avant l'issue du scrutin.

Jeudi soir, sur BFMTV, un débat opposait Valérie Pécresse à Éric Ciotti dans le bref entre-deux-tours. Malgré leur opposition, le député des Alpes-Maritimes n'avait pas manqué de souligner les "points de convergence" et "similitudes, notamment sur le plan économique". "J'ai pris l'engagement de soutenir le candidat qui arriverait en tête", rappelait Valérie Pécresse.

Pour le professeur émérite à Sciences-Po, ce "pacte de non-agression" découle du fait qu'ils se sont aperçus qu'ils jouaient "très gros. Ils risquent leur disparition, ils ne veulent pas finir comme le PS".

Il y a quelques mois encore, l'hypothèse du congrès ne tenait pas la corde face à la primaire ouverte, quasiment annoncée par le maire d'Antibes Jean Leonetti, avant d'être battue en brèche par un premier vote des adhérents fin septembre.

Bond de près de 50% du nombre d'encartés qui a atteint près de 150.000 avant le début du vote, unité (au moins de façade), sur plusieurs points, le congrès semble constituer une réussite politique pour le mouvement qui a pris la suite de l'UMP.

"Un côté assez paisible"

"C'est une vraie réussite parce que d'abord, en septembre, quand le calendrier a été lancé, personne n'y croyait vraiment", juge Pascal Perrineau.

Un succès à mettre au crédit de Christian Jacob, pour le chercheur au Cevipof: "Il a mené sa barque avec un côté assez paisible, en évitant que ce soit la course de petits chevaux", juge-t-il.

"Le fait que les principaux leaders de notre famille (Nicolas Sarkozy, François Fillon, Laurent Wauquiez notamment, NDLR) n'aient pas fait de choix public est plutôt une bonne chose: cela facilitera le rassemblement", estimait Christian Jacob dans un entretien au Journal du dimanche, quelques jours avant l'ouverture du congrès.

Après que Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin ont appelé à voter pour elle au second tour, Valérie Pécresse était donnée favorite de l'issue de ce congrès. Éric Ciotti, "c'est le candidat des militants", objectait toutefois vendredi un soutien du député du Sud-Est auprès de BFMTV.com.

Reste désormais à savoir, après le verdict des urnes, si la libérale présidente de la région capitale parviendra à fédérer les partisans de la ligne droitière d'Éric Ciotti et à parachever le "rassemblement" tant martelé. En la félicitant, le vaincu n'a pas manqué de faire valoir que selon lui, ce sont ses idées "d'une droite claire, forte et sans compromission qui sont au coeur des attentes du peuple de France".

Article original publié sur BFMTV.com