Adhésion à l'Otan: la procédure qui attend désormais la Finlande

Le président finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre finlandaise Sanna Marin à Helsinki, le 24 février 2022 - Markku ULANDER - AFP
Le président finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre finlandaise Sanna Marin à Helsinki, le 24 février 2022 - Markku ULANDER - AFP

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"C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a déclaré ce dimanche le président finlandais Sauli Niinistö, aux côtés de la Première Ministre Sanna Marin. Et pour cause: la demande officielle de la Finlande à rejoindre l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) marque un tournant de sa politique extérieure. Mais Helsinki va désormais devoir se plier à un examen contraignant.

Le processus est codifié: une fois la décision prise par un pays tiers d'adhérer, les membres de l'Otan doivent accepter à l'unanimité de l'inviter à les rejoindre.

L'invitation des membres lance les pourparlers d'adhésion: deux réunions ont lieu au siège de l'organisation à Bruxelles, où le postulant doit convaincre les représentants des pays et les experts de l'Alliance de sa capacité à accepter "les obligations et engagements politiques, juridiques et militaires découlant du Traité de Washington et de l'Etude (de 1995) sur l'élargissement de l'Otan".

Lettre d'intention et ratification

Les entretiens au siège de l'Otan permettent de débattre des questions juridiques, des ressources, de la sécurité, de la protection des informations classifiées et de la contribution au budget commun, basée sur la taille de l'économie du pays par rapport à celle des autres membres de l'Alliance.

Le pays candidat doit s'engager à accomplir les réformes nécessaires et doit ensuite adresser "une lettre d'intention" au secrétaire général de l'Otan, avec "un calendrier d'exécution des réformes".

L'étape finale est la ratification du protocole d'adhésion par chacun des Etats membres de l'Otan: ils transmettent leur acceptation du nouveau membre au gouvernement des Etats-Unis, dépositaire du Traité de l'Atlantique Nord.

Processus d'un an pour la précédente adhésion

Le "un pour tous, tous pour un" de l'article 5 (solidarité en cas d'agression) ne s'applique qu'une fois terminée la ratification par l'ensemble des Etats membres. Le processus a pris une année pour le 30e membre, la Macédoine du Nord.

Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties", explique notamment cet article central.

Membres de l'Union européenne, la Suède et la Finlande bénéficient de la clause d'assistance mutuelle, le temps du processus de ratification de leur adhésion à l'Otan.

L'unique incertitude turque

Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, a déjà assuré aux deux candidats qu'ils seraient accueillis "les bras ouverts" s'ils décidaient de rejoindre l'Alliance dont ils sont déjà des "partenaires". Il leur a promis un processus d'adhésion "rapide" et "des solutions" pour répondre à leurs préoccupations de sécurité entre l'acte de candidature et l'adhésion finalisée.

Seule la Turquie a publiquement exprimé des réticences : Recep Tayyip Erdogan expliquait vendredi que les deux pays nordiques étaient le "foyer de nombreuses organisations terroristes".

La Turquie est un allié important et a exprimé des préoccupations qui sont traitées entre amis et alliés", a déclaré Mircea Geoana, secrétaire-général adjoint de l'Otan. "Je suis convaincu que si ces pays décident de demander l'adhésion à l'Otan, nous serons en mesure de les accueillir, de trouver toutes les conditions d'un consensus à réunir."

Si aucun pays tiers ne peut contester les adhésions à l'Otan, le président russe Vladimir Poutine a qualifié samedi d'"erreur" la candidature de la Finlande. Moscou refuse l'installation de bases de l'Alliance sur le territoire d'un pays avec lequel la Russie partage une longue frontière commune, et a déjà coupé le gaz à Helsinki en représailles.

Article original publié sur BFMTV.com