Actions, taux et dollar en repli avant les annonces de Trump

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes, le dollar et les rendements obligataires évoluent en baisse jeudi dans la matinée, la prudence l'emportant avant les annonces attendues de Donald Trump sur des droits de douane visant la Chine.

Le discours de la Réserve fédérale (Fed) a par ailleurs été jugé moins offensif que prévu sur le rythme de hausse de taux en 2018, même si la banque centrale s'est montrée plus confiante qu'attendu sur la croissance américaine en 2019 et plus agressive sur le resserrement de sa politique l'an prochain.

À Paris, l'indice CAC 40 recule de 0,16% à 5.231,17 points à 08h50 GMT. À Francfort, le Dax abandonne 0,36% et à Londres, le FTSE cède 0,12%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 0,2%, le FTSEurofirst 300 de 0,26% et le Stoxx 600 de 0,24%.

Donald Trump annoncera ce jeudi des droits de douane sur certaines importations en provenance de Chine, ciblant particulièrement les secteurs de la technologie et des télécommunications. La signature du mémorandum présidentiel "visant l'agression économique de la Chine" est fixée à 16h30 GMT.

Ces mesures, susceptibles de provoquer des représailles de la part de la Chine, alimentent les craintes de guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Le dollar en pâtit en particulier, et abandonne encore 0,26% face à un panier de devises de référence pour retomber à son plus bas niveaux depuis deux semaines.

Sur le marché obligataire, les rendements obligataires évoluent en nette baisse, celui des Treasuries à 10 ans cédant cinq points de base pour revenir à 2,855% et celui des Bund allemand de même échéance revenant à 0,567%.

Le rendement des emprunts d'Etat allemand à 30 ans est retombé à un plus bas de l'année, à 1,189%.

EN ATTENDANT LES PMI ET LA BOE

A Wall Street, les indices ont d'abord réagi positivement aux annonces de la Fed avant que la remontée temporaire des rendements obligataires ne freine leur élan et que les craintes autour de la politique commerciale n'affectent finalement les deux classes d'actifs.

Le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 ont cédé 0,18% et le Nasdaq Composite a perdu 0,26%.

En Asie, l'indice CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale a terminé sur une perte de 1%, pénalisé par les craintes de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

La Banque populaire de Chine a par ailleurs relevé de cinq points de base l'un de ses taux directeurs, dans le sillage des décisions de la Fed.

En Europe, au-delà des réactions aux annonces de la banque centrale américaine, la séance sera animée principalement par les premiers résultats des enquêtes mensuelles PMI auprès des directeurs d'achat et par les décisions de la Banque d'Angleterre.

Cette dernière ne devrait pas toucher à son taux directeur mais ses commentaires et l'évolution des positions individuelles au sein du Comité de politique monétaire sont très attendues au lendemain de l'annonce d'une hausse marquée des salaires.

La livre sterling évolue au plus haut depuis début février face au dollar et à l'euro.

Concernant les PMI, ils pourraient alimenter le scénario selon lequel un pic a été atteint sur la croissance économique en Europe. L'indice PMI composite allemand a ainsi baissé à 55,4 en mars, contre 57 attendu et 57,6 enregistré en février. Les données pour la zone euro sont attendues à 09h00 GMT.

LES "TECHS" DÉLAISSÉES

Aux valeurs, le repli des rendements obligataires et le maintien des anticipations de la Fed à deux autres hausses de taux cette année pèsent sur le compartiment bancaire, dont l'indice Stoxx abandonne 0,56%.

Le segment technologique (-0,82%) accuse le plus fort repli en Europe, dans un contexte de prudence accrue sur le grandes valeurs américaines du compartiment après les déboires de Facebook.

Le repli du fournisseur d'accès et de service en ligne allemand United Internet (-5,2%), après la publication de résultats annuels ressortis dans le bas de la fourchette précédemment annoncée, pèse également.

A Paris, Ingenico (-3,43%) souffre de l'abaissement du conseil de Kepler Cheuvreux à "conserver" contre "achat".

En tête du Stoxx 600, le britannique Reckitt Benckiser grimpe de 5,26% après avoir mis fin aux discussions avec l'américain Pfizer concernant le rachat de son pôle produits de santé et d'hygiène grand public, ce qui soulage les craintes sur le financement envisagé pour cette opération.

Les secteurs des ressources de base (+0,2%) et du pétrole et gaz (+0,14%) évoluent en hausse, portés par la remontée des cours des matières premières.

Le baril de Brent cède un peu de terrain jeudi mais évolue encore à plus de 69 dollars après la forte hausse enregistrée la veille en réaction à l'annonce par l'Energy Information Administration (EIA) américaine d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.

Goldman Sachs a relevé sa prévision de cours pour le Brent à 82,50 dollars en milieu d'année (contre moins de 70 dollars actuellement), en expliquant tabler sur une efficacité accrue des mesures d'encadrement de l'offre prises par l'Opep.

(Édité par Marc Angrand)