Les actions repartent de l'avant, l'euro poursuit sa hausse

LES BOURSES EUROPÉENNES OUVRENT EN NETTE HAUSSE

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en nette hausse en début de séance vendredi, le sentiment de marché restant dominé par la confiance dans la reprise de l'activité économique avec le soutien des banques centrales - amplifié jeudi par la Banque centrale européenne (BCE) - et celui des Etats, confiance qui l'emporte pour l'instant sur l'ampleur des dégâts causés par le confinement.

À Paris, le CAC 40 gagne 2,49% à 5.136,55 points à 08h00 GMT, retrouvant son niveau du 6 mars, avant l'accélération de la chute des marchés liée à la pandémie de coronavirus. A Londres, le FTSE 100 prend 1,28% et à Francfort, le Dax avance de 2,29%.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 2,47%, le FTSEurofirst 300 de 1,5% et le Stoxx 600 de 1,56%.

Ce dernier se dirige vers une progression hebdomadaire de plus de 6% et devrait afficher en clôture trois semaines consécutives de hausse, ce qu'il n'est pas parvenu à faire depuis le début de l'année.

La baisse de jeudi (-0,72% pour le Stoxx 600) apparaît donc comme une simple pause et l'annonce par la BCE d'une augmentation de 600 milliards d'euros, supérieure au consensus, de ses achats d'actifs est perçu comme une incitation supplémentaire à la prise de risque, après le plan de relance de l'Union européenne (750 milliards) et celui de l'Allemagne (130 milliards).

"Les annonces de la BCE ont dépassé les attentes et il est clair qu'elles ont été bien accueillies par les marchés", constatent les responsables de la recherche Europe de Nomura dans une note. "La BCE a pris de l'avance et cela devrait limiter les interrogations sur la nécessité d'aller encore plus loin, au moins sur le court terme."

Ce sentiment positif occulte l'annonce d'une chute de 25,8% des commandes à l'industrie en Allemagne en avril.

La publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, à 12h30 GMT sera le prochain test de la solidité de l'appétit pour le risque: le consensus table en effet sur 8,0 millions de suppressions d'emplois en mai et un taux de chômage de 19,8%.

VALEURS

Emblématique de l'impact boursier du regain d'espoir dans la reprise économique, le secteur de l'aéronautique et du transport aérien accélère son rebond, comme à Wall Street jeudi, où American Airlines a bondi de 41,25% après l'annonce d'une forte augmentation de ses vols dès le mois prochain et où Boeing a pris 6,34%.

Airbus gagne 8,6%, la meilleure performance du CAC 40, et Air France-KLM prend 12%. A Londres, IAG et EasyJet progressent respectivement de 11,49% et 8,26%.

La meilleure performance sectorielle est pour le secteur bancaire au lendemain des annonces de la BCE et avec la remontée des rendements obligataires: l'indice Stoxx des banques européennes est en hausse de 3,5%, Société générale gagne 6,51%, BNP Paribas 4,75%.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei, toujours tiré par les espoirs de reprise et la baisse du yen, a fini la journée en hausse de 0,74%, sa cinquième performance positive d'affilée et au plus haut depuis le 21 février. Il affiche sur l'ensemble de la semaine un gain de 4,51%, qui ramène son recul depuis le 1er janvier à 3,35%.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai gagne 0,4% en clôture après avoir passé une partie de la séance en territoire négatif, les tensions persistantes entre Pékin et Washington au sujet de Hong Kong continuant de peser sur la tendance.

A WALL STREET

Les contrats à terme sur les indices américains préfigurent pour l'heure une ouverture en nette hausse après la pause de jeudi, la Bourse de New York ayant souffert elle aussi de prises de profits après quatre séances consécutives de progression.

L'indice Dow Jones a fini sur un gain de 0,05% à 26.281,82 points. Le S&P-500 a perdu 0,34%, à 3.112,35 points et le Nasdaq Composite a reculé de 0,69% à 9.615,81 points.

TAUX

L'optimisme dominant continue de détourner les investisseurs des emprunts d'Etat de référence, avec pour conséquence une poursuite de la hausse des rendements: celui du Bund allemand à dix ans prend trois points de base à -0,297%, au plus haut depuis près de deux mois, et son équivalent français est revenu en territoire positif à 0,01%.

Autre illustration de l'impact du discours de la BCE: l'écart de rendements à dix ans entre l'Allemagne et l'Italie retombe à 170 points de base, au plus bas depuis deux mois et demi.

Si le mouvement est surtout alimenté par les nouvelles en provenance d'Europe, il profite aussi aux rendements américains: celui des Treasuries à dix ans prend 3,5 points à 0,8568%, son meilleur niveau depuis le 26 mars.

CHANGES

L'euro reste le premier bénéficiaire de l'appétit retrouvé pour les actifs risqués au lendemain des annonces de la BCE.

La monnaie unique a inscrit un plus haut de trois mois face au dollar à 1,1383 avant de revenir vers 1,1350 et face au yen, elle se traite au plus haut depuis mai 2019 à 124,11.

L'"indice dollar", privé de son attrait de valeur refuge, cède 0,08% et se dirige vers sa troisième semaine consécutive de repli.

PÉTROLE

Le marché pétrolier a lui aussi retrouvé le chemin de la hausse avec la perspective de décisions dès ce week-end sur une prolongation des réductions de production de l'"Opep+".

Les pays du groupe doivent en effet se réunir samedi selon la chaîne de télévisions Ennahar, qui cite une source de l'Opep.

Le Brent gagne 1,9% à 40,75 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,36% à 37,92 dollars.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)