Les actions en hausse malgré les craintes pour l'économie

LES BOURSES EN EUROPE FINISSENT EN HAUSSE

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé en hausse lundi, tirées par la progression marquée de Wall Street à mi-séance, la prolongation des mesures de confinement aux Etats-Unis ayant rassuré au moins temporairement les investisseurs quant au risque d'une pandémie plus longue et plus coûteuse encore qu'estimé jusqu'à présent.

À Paris, le CAC 40 affiche en clôture une progression de 0,62% (27,02 points) à 4.378,51 points après avoir cédé jusqu'à 3,1% en début de séance.

À Londres, le FTSE 100 a gagné 0,91% et à Francfort, le Dax a progressé de 1,9%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 1,35%, le FTSEurofirst 300 1,12% et le Stoxx 600 1,28%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le vert, le Dow Jones s'adjugeant 2,13%, le Standard & Poor's 500 2,3% et le Nasdaq Composite 2,79%.

L'annonce par l'administration américaine d'une probable prolongation jusqu'à fin avril des mesures de confinement et de "distanciation sociale" en vigueur semble avoir rassuré les marchés sur leur capacité à contenir la propagation du coronavirus et pris le pas sur les risques économiques qu'elle implique.

"Une réouverture anticipée de l'économie aurait mis en danger encore plus de vies humaines et augmenté le risque d'une prolongation de la présence du coronavirus aux Etats-Unis", explique ainsi Edward Moya, analyste senior d'OANDA.

"La priorité, pour de nombreux traders, c'est la courbe des nouvelles infections et des morts, ce qui implique que le rally boursier historique de la semaine dernière pourrait s'estomper si le système de santé américain est mis à l'épreuve."

Par ailleurs, si la prolongation du confinement dans plusieurs pays nourrit les scénarios noirs en matière d'activité économique (JPMorgan s'attend à une contraction du PIB mondial de 10,5% en rythme annualisé au premier semestre), les investisseurs ont bien accueilli la décision de la Banque populaire de Chine de réduire l'un de ses principaux taux d'intérêt à court terme et d'injecter 50 milliards de yuans de liquidités à sept jours sur le marché monétaire.

VALEURS

En Europe, les secteurs de la chimie (+3,90%) et de la pharmacie-santé (+3,26%) figurent parmi les meilleures performances du jour, des mouvements favorisés entre autres par les espoirs placés dans les projets de traitement du coronavirus ou de vaccins.

A la baisse, le compartiment bancaire a souffert de la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de demander la suspension des dividendes cette année: l'indice Stoxx européen du secteur a cédé 3,11%, ING a perdu 8,88% à Amsterdam, BNP Paribas 5,44% à Paris, Santander 4,24% à Madrid.

De nouveau plombé par la chute du trafic aérien mondial, Airbus a rechuté, de 10,62% en clôture; son grand rival américain Boeing cède 8,48% à Wall Street.

LES INDICATEURS DU JOUR

En Allemagne, la première estimation de l'inflation en mars, à 1,3% seulement sur un an aux normes européennes IPCH, marque un ralentissement plus marqué qu'anticipé de la hausse des prix, qui s'éloigne ainsi de l'objectif de 2% que s'est fixé la Banque centrale européenne (BCE).

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar est reparti à la hausse face à un panier de devises de référence (+0,80%), profitant du regain d'incertitude sur l'évolution de l'économie et des marchés après une chute de plus de 4,3% la semaine dernière.

L'euro cède plus de 1% contre le billet vert et revient sous 1,1020 dollar, contre plus de 1,1135 en début de séance.

TAUX

Les incertitudes économiques et financières favorisent aussi une nouvelle baisse des rendements obligataires de référence: celui du Bund allemand à dix ans est revenu à son plus bas niveau depuis deux semaines à -0,552%, un mouvement favorisé entre autres par le chiffre inférieur aux attentes de l'inflation allemande.

Les titres italiens continuent de sous-performer, le rendement des BTP à dix ans prenant plus de 10 points à 1,508%.

Sur le marché obligataire américain, le rendement des Treasuries à dix ans cède près de dix points à 0,6462%.

PÉTROLE

Les cours du pétrole continuent de souffrir de la baisse brutale de la demande mondiale, qui risque de se poursuivre avec la prolongation des mesures de confinement alors que la guerre des prix entre l'Arabie saoudite et la Russie ne semble pas devoir s'interrompre.

Le Brent abandonne 11,59% à 22,04 dollars le baril après être tombé à 21,76 dollars, son plus bas niveau depuis 2002, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 5,25% à 20,38 dollars après un passage sous le seuil des 20 dollars.

(Marc Angrand)