Accusations de violences sexuelles aux Beaux-Arts de Besançon: "Ça fait des années que ces histoires circulent"

Un homme a fait un malaise au commissariat de Créteil (photo d'illustration) - Jacques Demarthon / AFP
Un homme a fait un malaise au commissariat de Créteil (photo d'illustration) - Jacques Demarthon / AFP

"Dégoûté, triste, en colère." Les étudiants de l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Besançon brisent l’omerta et font part de leur écoeurement à l’égard de membres de l’équipe pédagogique et encadrante de l’école qu’ils accusent "d’abus de pouvoir" et de "violences sexuelles".

"Ca fait des années que ces histoires circulent à l’ISBA", affirme à BFMTV.com Marie Roland, membre de Balance ton école d’art.

Depuis le début de l’été, la jeune femme, accompagnée d’autres étudiants - dont elle ne souhaite pas divulguer le nombre - travaille sur la création de cette association dont les statuts ont été déposés le 19 septembre. Lundi, ils ont lancé les pages Facebook et Instagram pour "parler de ce qui se passe à l’ISBA", où "les limites de l’acceptable ont été dépassées depuis longtemps".

"Quatre témoignages de viol"

En quatre jours, Balance ton école d’art a déjà partagé six témoignages anonymes d’étudiants qui dénoncent des séances d'humiliation et de sexisme ainsi que des agressions sexuelles, et des viols. "Depuis lundi, on a reçu une dizaine de nouveaux témoignages. Mais avant la création de nos pages Facebook et Instagram, on disposait déjà de sept témoignages, dont quatre pour viol", détaille Marie Roland, qui ne fait cependant pas partie de l’ISBA.

Sur Instagram, l’association relaie par exemple l’histoire racontée par un étudiant: "Lors d’une soirée, j'avais légèrement trop bu et fumé, j’ai fini par m’endormir chez G. A mon réveil, vers 5h du matin, je me suis rendu compte que mon pantalon était baissé, et que G. était en train de me faire une fellation", raconte le jeune homme.

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Un autre, visant une nouvelle fois ce même "G., un membre de l'équipe pédagogique", rapporte être allé "boire un verre avec lui dans l'enceinte de l'ISBA (...) On s'est posés tout (sic) les deux sur les canapés et on a bu quelques coups". La soirée s'étend, tous deux dînent, chantent… L’étudiant entonnent un dernier refrain quand il s’aperçoit que "G. est en train d'enlever la ceinture de mon pantalon".

Il poursuit: "Sa tête est descendue au niveau de mes cuisses, et ses doigts se sont dirigés vers la fermeture éclair dans le but de l'ouvrir et d'accéder à mon caleçon. Il a touché mon sexe au travers du tissu. Je l'ai repoussé en disant que je ne voulais pas ça. J'étais dégoûté, triste, en colère."

Enquête ouverte pour agression sexuelle

Dimanche 13 septembre - "moins de deux ans après les faits" - ce jeune homme s’est finalement rendu au commissariat de Besançon pour porter plainte, nous indique Marie Roland, qui l’a accompagné. Le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, précise à BFMTV.com qu’une enquête préliminaire est ouverte, confirmant une information de l’AFP.

"Un étudiant a dénoncé, sur procès verbal au commissariat de Besançon, des faits d'agression sexuelle durant une soirée. Le mis en cause est un personnel de l'institut", souligne le magistrat indiquant que pour l’heure, aucune autre plainte similaire n’a été déposée.

Contacté par BFMTV.com, l’Institut des Beaux Arts de Besançon n’a pas retourné nos appels. L’ISBA a néanmoins publié un communiqué dans lequel il assure son "choc" et son "indignation" face aux "témoignages d’agressions sexuelles récemment publiés (...) Nous souhaitons leur témoigner notre soutien inconditionnel. (...) Nous menons une pédagogie engagée et active contre ce genre d'abus".

L'ISBA "se fiche un peu du monde"

Marie Roland, qui s’exprime au nom de Balance ton école d’art, estime qu'avec cette déclaration, l’école "se fiche un peu du monde. Il y a eu des tentatives pour leur faire remonter les informations mais ça n’a jamais abouti", affirme-t-elle. Des élèves de l'ISBA, qui ne font pas partie des victimes déclarées, appellent néanmoins à la retenue concernant ces révélations portées par une "personne [qui] s’exprime au nom de tous les étudiant.e.s d’une école sans même en faire partie, ni même les avoir concerté.e.s au préalable", rapporte France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

La maire de Besançon a quant à elle assuré à l’AFP que "si ces faits étaient avérés, ils ne resteraient pas impunis". Une enquête administrative interne est diligentée par la ville de Besançon pour examiner le fonctionnement de l'ISBA et "permettre de libérer la parole, si c'est nécessaire". Balance ton école d’art attend de son côté que "les auteurs des faits les reconnaissent et qu’ils démissionnent, ainsi que ceux qui les ont protégés".

Article original publié sur BFMTV.com