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Accusations d'islamophobie à l'IEP de Grenoble: Schiappa déplore des "actes odieux"

La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté a déploré sur BFMTV-RMC une mise en pâture de professeurs sur les réseaux sociaux, quelques semaines seulement après l'assassinat de Samuel Paty.

"Des actes odieux." Invitée ce lundi matin sur BFMTV-RMC, Marlène Schiappa a estimé que les deux professeurs de l'Institut d'études politiques de Grenoble accusés d'islamphobie ont été "mis en danger". La semaine passée, des affichettes les mettant nommément en cause ont été collées dans l'enceinte de l'établissement, entraînant l'ouverture d'une enquête pour "injure publique" et "dégradation" avait été ouverte par le parquet de la ville.

Face à cette situation, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté a fait part de sa consternation. "Je trouve qu’on est là dans des actes odieux, après ce qui s’est passé avec la décapitation du professeur Samuel Paty qui de la même manière avait été jeté en pâture sur les réseaux sociaux", a-t-elle réagi. "On ne peut plus tolérer ce type de faits."

Une disposition de la loi séparatisme

Selon Marlène Schiappa, la loi site loi séparatisme, votée en première lecture mi-février à l'Assemblée, devrait répondre à certaines des problématiques soulevées par cette affaire.

"Il y a une partie de la loi pour conforter les principes républicains, dite loi séparatisme, qui vise à mieux protéger les professeurs et enseignants, notamment lorsqu’on divulgue des informations personnelles et des appels à la haine sur les réseaux sociaux", a insisté la ministre.

Ajouté après la décapitation du professeur Samuel Paty en octobre, l'article 18 crée un nouveau délit de mise en danger de la vie d'autrui par diffusions d'informations relatives à la vie privée "aux fins de l'exposer, elle ou les membres de sa famille, à un risque direct d'atteinte à la personne ou aux biens que l'auteur ne pouvait ignorer". Il sera puni de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

L'Unef pointée du doigt

Au fil de son intervention, la ministre a également souligné que d'autres moyens légaux étaient à disposition des élèves si jamais des professeurs tenaient des propos racistes ou discriminants.

"Quand il y a des propos qui sont jugés racistes ou discriminatoires, il y a une hiérarchie auprès de qui on peut faire état de ces propos, qui entend le professeur et qui prend des sanctions si les faits sont avérés", a-t-elle repris. "On ne peut pas dire qu’on va faire la justice en écrivant les noms des gens sur les murs, surtout quand on sait derrière qu’il y a un risque de mort."

La ministe a également mis en cause l'Unef, dont la branche grenobloise avait, quelques heures après l'apparition de ces affichettes anonymes, publié plusieurs photos sur les réseaux sociaux. Le syndicat a reconnu ce dimanche dans un communiqué une initiative "maladroite et dangereuse", réaffirmant "son opposition à toute haine, à tout lynchage public et son attachement à la liberté d'expression."

"Oui je considère très clairement qu’ils mettent (les professeurs) en danger", a estimé Marlène Schiappa, assurant que "le contexte compte."

"Il y a quelques mois tout le monde a déploré la décapitation d’un professeur après un appel à la haine sur les réseaux sociaux. J’appelle à la responsabilité, notamment par rapport à l’Unef qui a une responsabilité. Le risque, c’est que comme l’a expliqué Gilles Keppel, il y a un djhadisme de réseau, d’atmosphère, les gens se radicalisent tout seul et on met les gens en pâture", a-t-elle argué.

Elle "n'utilise plus" le terme "islamophobie"

Sur le fond de cet épineux dossier, Marlène Schiappa a finalement souligné qu'elle-même n'utilisait plus le terme "islamophobie."

"J’ai utilisé ce terme pendant des années, puisque je trouvais qu’il correspondait à quelque chose, la haine des musulmans ou la discrimination des musulmans. Ensuite, j’ai lu le livre de Charb, son livre posthume qui s’appelait Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes. Il expliquait que le concept d’islamophobie est trop souvent instrumentalisé à des fins de haine, il parle soit de racisme soit de haine contre les musulmans."

Marlène Schiappa a jugé ce terme désormais "trop souvent instrumentalisé", par ceux qui veulent "mettre à bas toute critique de la religion".

Article original publié sur BFMTV.com

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