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Accusé de conflit d'intêrets, Dupond-Moretti remettra l'enquête administrative au Premier ministre

Le ministre de la Justice, accusé de conflit d'intérêts dans l'affaire des fadettes, a décidé de s'en remettre au Premier ministre concernant l'enquête administrative qui vise trois magistrats du PNF.

Eric Dupond-Moretti veut "aller de l'avant": face aux accusations de "conflit d'intérêts" après l'ouverture d'une enquête administrative visant des magistrats du Parquet national financier (PNF), le garde des Sceaux s'est engagé lundi à laisser le Premier ministre décider des suites à donner.

Dans une vidéo postée lundi soir sur Facebook, il est revenu sur la fronde de magistrats à laquelle il fait face depuis l'ouverture d'une enquête administrative visant trois magistrats du PNF.

La plainte retirée à sa nomination

Cette enquête ouverte mi-septembre fait suite à un rapport sur une enquête polémique du PNF: les relevés téléphoniques de plusieurs ténors du barreau, dont Eric Dupond-Moretti, avaient été épluchés pour tenter d'identifier une "taupe" dans une affaire concernant Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog.

Éric Dupond-Moretti avait porté plainte avant de la retirer à sa nomination comme garde des Sceaux. L'ouverture de l'enquête administrative a cependant été vue par de nombreux magistrats comme un "conflit d'intérêts" et une "atteinte à l'indépendance judiciaire", dénoncée par les syndicats et dans des motions adoptées dans une centaine de juridictions.

"Les syndicats me demandent de passer la main au Premier ministre. (...) Très bien", a annoncé le ministre.

Le ministre nie tout conflit d'intêret

C'est au Premier ministre qu'"il appartiendra de statuer", a-t-il dit, s'engageant à lui transmettre le rapport d'enquête.

"Soit le rapport dit qu'aucune faute n'a été commise et je serai le garde des Sceaux le plus heureux du monde. Soit des fautes ont été commises et nous verrons alors la décision que prendra le Premier ministre".

Il a cependant à nouveau nié tout conflit d'intérêts et dénoncé une "affaire montée de toutes pièces" et "instrumentalisée contre (lui) à des fins politiques". Il a aussi estimé qu'il s'agissait d'une "diversion" des syndicats qui disent "non à tout" et ne veulent pas "parler des vrais sujets". Les deux principaux syndicats de magistrats avaient récemment annoncé "refuser" de parler au ministre et s'en remettre au président ou au Premier ministre.

"J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi il passe la main s'il dit qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts", a réagi Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire) lundi soir.

"Il se moque de nous", a approuvé Katia Dubreuil, présidente du SM (classé à gauche). "Comment on peut être rassuré quand on voit qu'il dit 'je vais donner la main au Premier ministre' comme si on avait fait un caprice?"

Article original publié sur BFMTV.com

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