Accueil des migrants de l'Ocean Viking: Darmanin dénonce "l'attitude inacceptable" de l'Italie

Gérald Darmanin le 10 novembre 2022.  - Ludovic MARIN / AFP
Gérald Darmanin le 10 novembre 2022. - Ludovic MARIN / AFP

La décision est prise "à titre exceptionnel". Ce jeudi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a annoncé que les quelque 230 migrants toujours à bord du bateau humanitaire Ocean Viking (trois autres ont été évacués vers l'hôpital de Bastia ce jeudi matin) seraient accueillis à Toulon.

Un choix qui clôt le bras-de-fer dont ces migrants, secourus entre la Libye et Malte, faisaient l'objet entre la France et l'Italie. Le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs condamné la position italienne, ouvrant la voie à des représailles politiques et diplomatiques.

Gérald Darmanin a ainsi dénoncé un "choix incompréhensible" et une "attitude inacceptable" de la part de Rome.

"Nous regrettons que l'Italie n'ait pas été au rendez-vous de ce devoir d'humanité", a-t-il lancé. "La France regrette très profondément que l'Italie ait pris le parti de ne pas se comporter en pays européen responsable", a-t-il encore appuyé.

"C'est le gouvernement italien qui sera perdant"

Surtout, il a indiqué une série de mesures de rétorsion à l'égard de Rome:

"C'est le gouvernement italien qui sera perdant, car nous nous étions engagés avec l'Allemagne à relocaliser - 3500 d'ici l'été 2023 - des personnes qui arriveraient en Italie, notamment du fait du droit de la mer. Si nous accueillons ces 234 migrants, nous ne relocaliserons aucune des personnes que nous nous étions engagés à relocaliser pour les semaines, les mois à venir, tant que l'Italie gardera ce comportement contraire au droit international, à la solidarité et aux engagements du gouvernement italien avant l'arrivée de nouvelles autorités italiennes", a détaillé Gérald Darmanin.

L'hypothèse de sanctions supplémentaires?

Le ministre est allé plus loin au sujet de l'exclusion de l'Italie de ce mécanisme de solidarité européen: "La réunion que j'ai eue avec de nombreux homologues a montré que tous étaient conscients qu'il faudrait organiser les choses différemment pour ne pas que l'Italie puisse profiter de cette solidarité européenne, tout en étant égoïste avec un visage d'humanité difficilement compréhensible lorsque des réfugiés, et notamment des enfants (ils sont 57, NDLR) se présentent dans son port.

"La France prendra dans les prochaines heures des mesures de renforcement des contrôles intérieurs avec l'Italie", a encore promis le ministre de l'Intérieur, soulignant plus tard: "Le renforcement de notre frontière entre la France et l'Italie montrera malheureusement que nous pouvons aussi empêcher un certain nombre de passages par la frontière italienne."

Gérald Darmanin a livré une observation supplémentaire, lourde de menaces diplomatiques: "La France tirera aussi toutes les conséquences de l'attitude italienne sur les autres aspects de sa relation bilatérale".

Article original publié sur BFMTV.com