Accueil des femmes au commissariat: pour le collectif Double Peine, "il y a un énorme problème de formation"

Constance Villanova, cofondatrice du collectif Double peine. - BFMTV
Constance Villanova, cofondatrice du collectif Double peine. - BFMTV

Remarques désobligeantes ou suspicieuses, manque d'empathie... Les femmes sont encore trop souvent mal accueillies lorsqu'elles vont porter plainte pour violences conjugales ou pour viol, dénoncent massivement les militants engagés sur cette problématique. Déjà évoquée il y a deux ans lors du "Grenelle" contre les violences conjugales, elle a refait surface depuis la fin du mois de septembre avec la multiplication de témoignages postés sur les réseaux sociaux sous le mot-dièse #DoublePeine.

Invitée ce jeudi sur le plateau de BFMTV, Constance Vilanova, cofondatrice du collectif qui porte le même nom que le hashtag, déplore déjà la crainte de "ne pas être crue" au moment du dépôt de plainte pour des violences sexuelles. Un traumatisme auquel s'ajoutent "des failles dès le premier maillon de la chaîne, au moment de déposer une plainte ou une main courante".

"Formation au rabais"

"On sait que la justice ne fonctionne pas, et le premier maillon qui va vers la justice ne fonctionne pas non plus", constate-t-elle. Et d'ajouter:

"Dans notre collectif, on n'est pas contre la police. On mesure juste le fait qu'il y a un énorme problème de formation. Depuis 2015, c'est une formation au rabais pour la police, elle est passée de 12 à 8 mois, le taux d'admissibilité au concours est devenu énorme", explique-t-elle.

Constance Vilanova illustre son point de vue en s'appuyant sur le livre Flic du journaliste infiltré Valentin Gendrot. Il explique que durant sa formation pour devenir adjoint de sécurité (ADS), donc contractuel, il a été sensibilisé sur les violences sexuelles et sexistes avec une session de 3 heures et "qui se base principalement sur la projection du film Mon roi", rapporte Constance Vilanova, dépitée.

Traumatisme supplémentaire

"Les femmes arrivent traumatisées au commissariat pour déposer plainte et vu le comportement de certains policiers, elles repartent doublement traumatisées", abonde la militante féministe Anna Toumazoff, interrogée par l'AFP.

Depuis le "Grenelle", quelque 90.000 policiers et gendarmes ont suivi une formation pour mieux recevoir les victimes, et de ce fait "il y a eu une énorme amélioration de l'accueil", défend le ministre de l'Intérieur. Mais les choses peuvent encore "très certainement" être améliorées, a-t-il concédé devant une commission parlementaire. Ce jeudi, Gérald Darmanin a annoncé de nouvelles mesures afin de faciliter le dépôt de plaintes pour violences conjugales ou viol.
La présence d'un avocat au côté des femmes qui le souhaiteraient ne peut leur être refusée, a-t-il notamment souligné dans un télégramme adressé aux préfets. "Cette présence de l'avocat n'est pas obligatoire mais ne peut en aucun cas être refusée par les services de police et de gendarmerie." Cette clarification est bienvenue, car elle "devrait permettre aux victimes de porter plainte dans de meilleures conditions, dès les prochains jours", a réagi auprès de l'AFP Me Rachel-Flore Pardo qui, avec une centaine d'autre avocats, s'est mobilisée ces dernières semaines sur cette question.

Article original publié sur BFMTV.com