Accord trouvé sur le statut du port de Hodeïda, annonce Guterres

Un accord a été trouvé en Suède par les délégations des belligérants yéménites sur le statut de la ville portuaire de Hodeïda, a annoncé jeudi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. /Photo prise le 23 novembre 2018/REUTERS/Abduljabbar Zeyad

par Aziz El Yaakoubi et Johan Sennero

RIMBO, Suède (Reuters) - Un accord a été trouvé en Suède par les délégations des belligérants yéménites sur le statut du port de Hodeïda et sur l'instauration d'un cessez-le-feu à l'échelle de sa province, a annoncé jeudi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Les négociations politiques, préalables à la création d'une instance transitoire de gouvernement, ont quant à elles été repoussées à la prochaine série de pourparlers, prévue pour le mois prochain, a-t-il ajouté.

A Hodeïda, par lequel transite l'essentiel de l'aide internationale destinée à la population du Yémen, des forces de sécurité locales seront déployées et des couloirs humanitaires seront établis, a expliqué Antonio Guterres.

"Vous avez trouvé un accord sur le port et sur la ville de Hodeïda. Il y aura un redéploiement neutre de forces dans le port et dans la ville et l'instauration d'un cessez-le-feu à l'échelle du gouvernorat", a-t-il poursuivi, précisant que la trêve ne concernait pas le reste du pays.

Réunis en Suède pour des pourparlers organisés sous l'égide de l'Onu, les belligérants s'étaient déjà entendus sur la question de la réouverture de l'aéroport de Sanaa, la capitale contrôlée par les miliciens chiites Houthis, sur la reprise des exportations d'hydrocarbures de même que sur un échange de prisonniers.

Les miliciens Houthis contrôlent la majeure partie des agglomérations yéménites, dont Hodeïda et Sanaa, d'où ils ont chassé le gouvernement du président Abd-Rabbo Mansour Hadi en 2014. Depuis mars 2015, une coalition de pays arabes à dominante sunnite intervient militairement contre les Houthis pour tenter de rétablir au pouvoir le gouvernement du président Hadi.

RETRAIT DES FORCES ARMEES

Martin Griffiths, l'émissaire des Nations unies pour le Yémen, a expliqué que les forces armées des différentes parties impliquées se retireraient "dans les jours à venir" du port de Hodeïda et que la coalition conduite par l'Arabie saoudite tentait depuis plusieurs mois de conquérir.

Le retrait devra avoir été achevé dans un délai de 21 jours qui s'ouvrira dès l'entrée en vigueur du cessez-le-feu et s'accompagnera du déploiement d'observateurs internationaux à Hodeïda, mais aussi à Salif et Ras Issa, deux ports par lesquels transitent les importations de céréales et d'hydrocarbures et qui dépendent de la province de Hodeïda.

"Ils ont fait beaucoup plus que ce que l'on attendait d'eux", a commenté Elizabeth Dickinson, spécialiste de la péninsule arabique à l'International Crisis Group. "L'Arabie saoudite s'est montrée plus ferme à l'égard du gouvernement Hadi qui, du coup, s'est montré beaucoup plus coopératif", a-t-elle ajouté.

Cette attitude plus conciliante de l'Arabie saoudite s'explique par sa volonté de sortir d'une guerre coûteuse contre les Houthis.

De leur côté, les alliés occidentaux qui fournissent armes et renseignements à la coalition arabe souhaitent trouver rapidement une issue au conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et exposé plus de huit millions de Yéménites à la famine, un nombre "en forte augmentation", selon le CICR.

(Eric Faye et Nicolas Delame pour le service français)