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Ghani proclamé président afghan, accord de partage du pouvoir

L'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani (à droite) a été proclamé dimanche président élu d'Afghanistan, quelques heures après avoir signé un accord de partage du pouvoir avec son adversaire du second tour, Abdullah Abdullah. /Photo prise le 21 septembre 2014/REUTERS/Omar Sobhani

par Hamid Shalizi et Jessica Donati KABOUL (Reuters) - L'ancien ministre des Finances Ashraf Ghani a été proclamé dimanche président élu d'Afghanistan, quelques heures après avoir signé un accord de partage du pouvoir avec son adversaire du second tour, Abdullah Abdullah. Dans l'annonce qu'elle a faite, la commission électorale indépendante n'a pas précisé quel score avait obtenu Ashraf Ghani, pas plus qu'Abdullah Abdullah, ancien ministre des Affaires étrangères qui, depuis le scrutin le 14 juin, n'a cessé de clamer que les résultats avaient été truqués. "La Commission électorale indépendante déclare le docteur Ashraf Ghani Ahmadzai président d'Afghanistan", a déclaré le chef de cette instance, Ahmad Yousuf Nuristani. Les résultats complets seront communiqués à une date ultérieure, s'est-il borné à dire sans préciser quand. Il a reconnu que le second tour avait été entaché de fraudes importantes et ajouté que l'audit supervisé par les Nations unies n'avait pas réussi à les mettre toutes au jour. "Même si l'audit a été général(...), il n'est pas parvenu à déceler les fraudes dans leur totalité", a-t-il dit. En vertu de l'accord signé dimanche entre les rivaux politiques, Ashraf Ghani partagera le pouvoir avec un responsable de l'exécutif dont le nom sera proposé par Abdullah Abdullah. Ces deux personnalités s'accorderont pour déterminer qui dirigera des institutions-clés comme l'armée afghane. L'accord de partage du pouvoir met fin à un blocage des institutions qui aurait pu profiter aux taliban alors que les forces étrangères s'apprêtent à quitter le pays. Ashraf Ghani devrait prêter serment d'ici une semaine, a dit un porte-parole du président sortant Hamid Karzaï, selon lequel l'un des premiers actes du nouveau président sera de signer l'accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis sur le maintien d'un petit contingent militaire étranger en Afghanistan au-delà de 2014. SATISFACTION A WASHINGTON Les Etats-Unis, qui ont oeuvré en coulisses pour favoriser une sortie de crise, se sont réjouis du compromis trouvé entre Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah. "Cet accord représente une opportunité importante d'unité et de stabilité accrue en Afghanistan", a réagi la Maison blanche dans un communiqué. "Nous continuons à inviter tous les Afghans - notamment les responsables politiques, religieux et de la société civile - à soutenir cet accord et à appeler d'une même voix à la coopération et au calme." Quant au secrétaire d'Etat américain John Kerry, sous le parrainage duquel les négociations avaient eu lieu, il a lui aussi rapidement salué l'accord: "Ces deux personnalités ont placé d'abord l'intérêt des Afghans et ils ont fait en sorte que la première transition démocratique pacifique de l'histoire de leur pays se déroule sous le sceau de l'unité nationale". Le premier défi du nouveau pouvoir afghan va être de contenir l'insurrection islamiste des taliban, face auxquels les forces afghanes vont désormais se retrouver en première ligne après le départ des forces sous commandement de l'Otan, prévu fin 2014. Le vainqueur de la présidentiel va succéder à Hamid Karzaï, qui dirige le pays depuis que les Etats-Unis ont renversé le régime des taliban fin 2001 dans la foulée des attentats du 11-Septembre. Les résultats provisoires annoncés en juillet ont donné Ashraf Ghani vainqueur avec 56% des suffrages. Ces résultats avaient été immédiatement contestés par Abdullah Abdullah, qui dénonçait des fraudes massives. (Avec Kay Johnson; Bertrand Boucey et Eric Faye pour le service français)