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"Réaction forte" des Occidentaux si l'accord de Minsk est violé

A l'aéroport de Donetsk. Les Occidentaux ont fait bloc mardi sur le dossier ukrainien, s'accordant, selon l'Elysée, sur la nécessité d'une "réaction forte" de la communauté internationale en cas de rupture "majeure" de la difficile mise en oeuvre de l'accord de Minsk. /Photo prise le 3 mars 2015/REUTERS/Baz Ratner

PARIS (Reuters) - Les Occidentaux ont fait bloc mardi sur le dossier ukrainien, s'accordant, selon l'Elysée, sur la nécessité d'une "réaction forte" de la communauté internationale en cas de rupture "majeure" de la difficile mise en oeuvre de l'accord de Minsk. François Hollande et Angela Merkel, qui ont arraché cet accord de paix après une nuit et une matinée de négociations avec Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko le 12 février, ont débattu par visioconférence de la situation avec le président américain Barack Obama, les Premiers ministres britannique David Cameron et italien Matteo Renzi et le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk. Dans un communiqué diffusé en début de soirée, l'Elysée rapporte qu'"ils sont convenus qu'une réaction forte de la communauté internationale serait nécessaire en cas de rupture majeure dans le processus de mise en oeuvre des mesures adoptées à Minsk". Le communiqué de la présidence française ne donne pas de précision sur cette réaction. En revanche, les services de Donald Tusk ont indiqué qu'Américains et Européens étaient prêts à prendre de nouvelles sanctions si les accords de Minsk continuent d'être violés. Tous sont convenus qu'"il existe un lien étroit entre les sanctions et l'application totale des accords de Minsk", ajoute la présidence du Conseil européen. "Cela signifie que les sanctions ne pourront être levées que si l'accord de Minsk est pleinement appliqué. Dans le même temps, ils ont confirmé qu'ils étaient prêts à appliquer de nouvelles sanctions dans le cas d'une nouvelle escalade", a confirmé à Berlin le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. Les dirigeants occidentaux ont confirmé le rôle essentiel que doit jouer l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le suivi du respect du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes prévus par les accords de Minsk. Les représentants des ministres des Affaires étrangères français, allemand, ukrainien et russe doivent se réunir vendredi pour assurer le suivi de l'application des mesures adoptées à Minsk. TROIS SOLDATS UKRAINIENS TUÉS Le cessez-le-feu est théoriquement entré en vigueur le 15 février dans l'est de l'Ukraine. Mais il est, comme une précédente trêve conclue en septembre, régulièrement violé. Dans la première semaine consécutive à son introduction, les séparatistes prorusses se sont emparés de Debaltseve, un noeud ferroviaire entre Donetsk et Louhansk, les deux principales villes de l'Est, toutes deux tenues par les rebelles. La situation s'est par la suite apaisée le long de la ligne de front, des informations faisant état d'un début de retrait des armes lourdes conformément à Minsk-2. Mais selon une source militaire ukrainienne jointe mardi matin, trois militaires ukrainiens ont été tués et neuf blessés au cours des précédentes 24 heures, soit le bilan le plus lourd de ces derniers jours. Un porte-parole de l'armée a indiqué pour sa part que les séparatistes avaient bombardé les positions gouvernementales à 22 reprises dans le même laps de temps. L'OSCE se dit dans l'incapacité de confirmer les retraits, ses inspecteurs n'étant pas autorisés à rendre sur les lieux où les armes lourdes auraient été remisées. A Kiev, certains responsables redoutent que les rebelles ne se servent du cessez-le-feu pour préparer une offensive sur Marioupol, une ville industrielle et portuaire d'un demi-million d'habitants dans le sud de la région de Donetsk et dont la prise assurerait une continuité territoriale entre les secteurs tenus par les séparatistes et la Crimée, annexée il y a un an par la Russie. "L'ennemi continue de se regrouper et une accumulation significative de forces est en cours dans le sud", a dit Zorian Chkirïak, conseiller au ministère de l'Intérieur. Les séparatistes démentent tout projet d'offensive contre Marioupol. (Henri-Pierre André avec Chine Labbé à Paris, Susan Heavey à Washington, Caroline Copley à Berlin, Adrian Croft à Bruxelles et Pavel Polityuk à Kiev)