La vraie crainte après le retrait des États-Unis de l’accord de Paris

Les États-Unis ont notifié leur départ de l'accord de Paris auprès de l'ONU. Il ne sera effectif que dans un an.
Les États-Unis ont notifié leur départ de l'accord de Paris auprès de l'ONU. Il ne sera effectif que dans un an.

Les États-Unis ont officiellement acté leur retrait de l’accord de Paris, ce qui laisse craindre que d’autres suivent. Mais ce ne sont pas les seuls mauvais élèves.

Les États-Unis ont officiellement acté leur retrait de l’accord de Paris, ce lundi 4 novembre, via une notification auprès de l’ONU. Dans un discours prononcé ce même jour, Donald Trump s’est félicité d’avoir tourné le dos à “l’horrible, coûteux, partial accord de Paris”. Ce départ, promesse de campagne du président républicain, sera effectif dans un an, le 4 novembre 2020, au lendemain de l’élection présidentielle outre-atlantique.

Pas de changement avant un an, mais des craintes

Dans les faits, rien ne devrait donc changer d’ici là. “Le problème, c’est que cette décision ouvre la boîte de Pandore”, estime Clément Sénéchal, porte-parole climat de Greenpeace France. “La force de l’accord de Paris, ce n’est pas tant ses engagements, mais le fait qu’il soit multilatéral”, nous précise-t-il. 195 pays avaient signé, en 2015, ce plan d’action universel visant à endiguer le réchauffement climatique.

Or, le départ d’un membre important comme les États-Unis pourrait créer un précédent et donner à certains chefs d’État l’envie de suivre Donald Trump. “Ça pourrait créer une dynamique politique défavorable pour le climat et fragiliser le consensus”, redoute le spécialiste, qui tient cependant à relativiser les choses : “Ce n’est pas sûr que d’autres pays suivent Donald Trump et s’il n’est pas réélu et qu’un démocrate retourne à la Maison Blanche, les États-Unis pourraient retourner dans l’accord”.

Très peu de bons élèves

Si les États-Unis sont les premiers à tourner le dos à cet accord, les autres pays ne sont pas vraiment de bons élèves non plus. “L’accord n’est pas respecté”, entame le porte-parole climat de Greenpeace, “la grande majorité des pays ne tient pas ses engagements et certains n’en ont même pas pris”.

En 2018, seuls 58 pays avaient adopté des mesures nationales pour limiter leurs émissions de CO2 d’ici 2030, comme le précise Le Figaro. Et 16 appliquaient réellement leurs engagements, d’après une étude réalisée par le think-tank World Resources Institute.

Les signataires doivent, normalement, revoir leurs objectifs à la hausse d’ici mars 2020. L’accord de Paris prévoit que les nations s’appuient sur les études scientifiques les plus récentes pour améliorer, tous les cinq ans, leurs engagements. Mais, jusqu’ici, seul un nombre très restreint de pays a fait cet effort. Et la France n’en fait pas partie puisque ses objectifs sont englobés dans ceux de l’Union Européenne, qui ne parvient pas à se mettre d’accord sur le sujet.

Une grande marge de manœuvre

En juillet 2019, une étude sur l’efficacité de l’accord de Paris, menée par l’Université autonome de Barcelone et publiée dans la revue scientifique Environmental Research Letters, dénonçait un manque de transparence et de comparabilité dans les objectifs fixés par les signataires. Elle mettait notamment en avant le fait que 80% des pays ont présenté des “objectifs conditionnels” et que tout le monde ne s’appuyait pas sur les mêmes critères pour agir.

L’accord de Paris était un pas dans la bonne direction pour la politique climatique internationale. Mais dans sa forme actuelle, il est au mieux inadapté, au pire franchement inutile”, décrit Lewis King, l’un des co-auteur de l’étude.

Si les pays se permettent un tel relâchement, c’est que le non respect de l’accord de Paris ne leur coûte pas grand chose. “Cet accord est contraignant dans le sens où il est international, donc, normalement, supérieur aux lois domestiques”, nous détaille Clément Sénéchal, “mais en fait, son contenu est très vague et il laisse une grande marge de manœuvre aux États”.

L’annonce fracassante de Donald Trump n’est donc, pour le moment du moins, que symbolique.

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