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Accord contesté à Astana sur des zones de sécurité en Syrie

par Olzhas Auyezov ASTANA (Reuters) - Russie, Turquie et Iran ont signé jeudi un protocole d'accord sur la création de zones de sécurité en Syrie auquel le gouvernement de Damas s'est dit favorable alors que la délégation de l'opposition syrienne armée a quitté les pourparlers d'Astana en dénonçant un marché de dupes. Le chef de la diplomatie kazakhe, Kaïrat Abdrakhmanov, a déclaré à l'issue de deux journées de discussions que la prochaine session de pourparlers sur la trêve en Syrie se déroulerait mi-juillet. La Russie et l'Iran, alliés du gouvernement syrien, et la Turquie, qui soutient certains rebelles, sont les "garants" de ce processus présenté comme complémentaire des négociations de paix de Genève sous l'égide de l'Onu. D'après le ministère turc des Affaires étrangères, les zones de sécurité sur lesquelles les trois pays se sont entendus jeudi couvrent la totalité de la province d'Idlib, dernier bastion des rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, ainsi que des parties des provinces d'Alep, Homs et Lattaquié. L'accord interdit l'usage de tous les types d'armes dans ces zones et permet l'acheminement d'aide humanitaire, a ajouté le ministère à Ankara. La Russie est disposée à y déployer des observateurs pour garantir le respect de l'accord, a déclaré pour sa part le chef des négociateurs russes à Astana, Alexandre Lavrentiev. Présent dans la capitale kazakhe, l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a salué une avancée positive dans la perspective d'un réel cessez-le-feu en Syrie. "Je crois que nous avons été les témoins d'une importante avancée prometteuse dans la bonne direction dans le processus de désescalade du conflit", a-t-il déclaré. L'OPPOSITION DÉNONCE UN MARCHÉ DE DUPES La création de zones de sécurité est une demande de longue date de l'opposition syrienne pour protéger les civils, mais la délégation présente à Astana a critiqué l'accord conclu jeudi en dénonçant un marché de dupes. "Nous voulons des garanties sur l'intégrité territoriale de la Syrie", a déclaré Ossama Abou Zaid, un des délégués de l'opposition dont l'objectif principal reste celui d'une transition politique à Damas. Ossama Abou Zaid a aussi dit rejeter tout accord dont l'Iran serait le garant et a dénoncé "le gouffre entre les promesses et les actes de la Russie". Les rebelles syriens accusent l'aviation russe et le régime de Bachar al Assad de ne pas respecter la trêve théoriquement entrée en vigueur après la chute d'Alep en décembre dernier. Selon les observateurs, les bombardements aériens se sont intensifiés ces dernières semaines dans la province d'Idlib. Le régime de Bachar al Assad y est accusé d'avoir utilisé des armes chimiques début avril, notamment par les Etats-Unis qui ont tiré en représailles des missiles de croisière sur une base aérienne syrienne. Jeudi, Alexandre Lavrentiev a déclaré que son pays était prêt à travailler plus étroitement avec Washington mais aussi avec l'Arabie saoudite, qui appuie d'autres groupes rebelles que ceux que soutient la Turquie. "Malheureusement, les Américains ignorent toujours nos initiatives visant à établir une coopération militaire plus étroite", a-t-il toutefois déclaré. "Mais nous allons poursuivre nos efforts." Vladimir Poutine et Donald Trump ont convenu mardi au téléphone d'oeuvrer ensemble à la consolidation de la trêve en Syrie. (Avec Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu à Ankara; Tangi Salaün pour le service français)