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Accident de Puisseguin : 5 ans après, le conducteur du car n'a "plus goût à la vie"

David Daubigeon, le chauffeur de car victime de l'accident à Puisseguin. - BFMTV

Les années passent mais la douleur de David Daubigeon, conducteur du car accidenté à Puisseguin, ne s'estompe pas. Cinq ans après le drame, il souffre toujours d'une dépression post-traumatique.

"Ça marque à vie." Cinq ans après le drame de Puisseguin, l'un des accidents de car les plus meurtriers, survenu le 23 octobre 2015, les huit rescapés et proches de victimes sont toujours hantés par le drame. "Je n'ai plus rien. Je n’ai plus goût à la vie", raconte la gorge serrée le conducteur du car accidenté, David Daubigeon, sur le plateau de BFMTV.

Sur cette petite route de Gironde, le virage est serré, limité à 90 km/h. À 7h20, il fait nuit, la chaussée est humide. "J’avance sereinement, à 30 km/h", quand tout d’un coup, un semi-remorque arrive à 75 km/h, se déporte sur la gauche près du village de Puisseguin, se met en portefeuille, et percute le car de retraités en excursion, venant en sens inverse.

"L’impact est hyper violent, le pare-brise explose en mille morceaux. Puis plus rien. Le silence est total", se remémore-t-il douloureusement.

Épisode "violent", "dur"

En quelques secondes, les flammes embrasent le car par l'avant et les fumées noires toxiques envahissent le bus, piégeant les voyageurs, membres du club du 3e âge de Petit-Palais-et-Cornemps, le village voisin.

"À ce moment-là je reprends conscience, je m’extrais de ma place et sors du car. Je vais vers la porte qui donne accès aux passagers, je déverrouille et ouvre. Je découvre une première personne que j’évacue", dépeint David Daubigeon qui parvient à sauver sept personnes au total. "Je n’ai rien pu faire pour les autres…"

43 personnes périssent asphyxiées ou brûlées, dont le conducteur du camion et son fils de 3 ans qui se trouvait à ses côtés. "C’est violent. Ce que j’ai vu de mes propres yeux, c’est dur", souffle David Daubigeon, ajoutant:

"En tant que conducteur, je suis responsable des passagers. J’ai le réflexe de me dire que je suis responsable de leur mort."

Rapidement après le drame, les rescapés sont indemnisés - 11 millions d'euros au total - et ils bénéficient, dans un cadre amiable, du préjudice d’angoisse des rescapés et du préjudice d'attente des proches de victimes. Mais pour David Daubigeon, l’affaire est loin d’être close. L’homme de 44 ans a repris le travail en février 2016, "sans plaisir, sans sensation".

"Dépression post-traumatique"

En mars 2018, il entre dans une "dépression post-traumatique" et n’est, depuis, "plus en état de travailler". Un diagnostic que les professionnels de santé ne partagent cependant pas, poussant David Daubigeon à entamer des recours juridiques pour qu’on le "laisse en paix". Il lance désormais un appel au président de la République et au Premier ministre afin "d’en finir avec cette situation douloureuse".

D’un point de vue judiciaire, les investigations - closes depuis le mois de février - n’ont débouché sur aucune mise en examen, le parquet estimant que "les équipements de l'autocar (construit par Mercedes) étaient conformes à la réglementation en vigueur". En 2017, l'enquête administrative du bureau d'enquêtes sur les accidents de transport (BEA-TT) a quant à elle attribué "la cause directe" de l'accident à "une perte de contrôle" du camion dans le virage.

Article original publié sur BFMTV.com

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