Accident de car de Puisseguin: la cour d'appel rouvre l'instruction

La cour d'appel de Bordeaux a décidé jeudi de rouvrir l'instruction dans l'affaire de l'accident d'autocar de Puisseguin en Gironde, qui avait fait 43 morts en 2015, a-t-on appris auprès des parties civiles et de source judiciaire.

La chambre de l'instruction "a infirmé l'ordonnance de non-lieu" rendue en 2021 par le juge qui était chargé du dossier à Libourne, selon un communiqué de la cour d'appel.

Celle-ci a ordonné un supplément d'information tendant "à des mises en examen des personnes physiques ou morales à l'origine de l'installation du réservoir additionnel de carburant en dos de cabine" du semi-remorque qui a percuté l'autocar.

L'arrêt rendu jeudi conduit également "à de nouvelles investigations en ce qui concerne la conception de l'autocar", de marque Mercedes.

Le drame s'est noué au matin du 23 octobre 2015 quand un semi-remorque s'était déporté sur la gauche au sortir du village de Puisseguin, à l'est de Bordeaux, avant de percuter un car de retraités en excursion venant en sens inverse.

Pris au piège dans le car envahi par les flammes et des fumées toxiques, 41 personnes à bord étaient mortes brûlées vives ou asphyxiées. Huit en avaient réchappé. Le chauffeur du camion et son fils âgé de trois ans étaient décédés dans l'accident.

Selon les parties civiles, la réouverture de l'information judiciaire vise le concessionnaire du tracteur du semi-remorque, la société locatrice de ce véhicule et celle qui l'utilisait le jour de l'accident, ainsi que le constructeur allemand du bus.

"On a eu gain de cause sur l'ensemble des points que l'on avait développés il y a quelques mois devant la chambre de l'instruction. C'est une toute nouvelle instruction qui s'ouvre aujourd'hui", s'est félicitée devant la presse une avocate des victimes, Me Marie Mescam.

"C'est une très bonne nouvelle, on a enfin été entendu et pris au sérieux", a renchéri son confrère Me Antoine Chambolle, qui s'attend à ce que Mercedes soit placé sous le statut de témoin assisté.

En octobre 2021, un juge d'instruction de Libourne avait prononcé un non-lieu en estimant que la vitesse excessive du chauffeur du semi-remorque ayant percuté le car de retraités n'était pas la seule cause des dommages corporels provoqués par l'incendie qui s'est déclenché après la collision.

La cour d'appel a renvoyé l'affaire devant un juge d'instruction à Bordeaux pour procéder au supplément d'information, a précisé une source judiciaire.

A l'audience des 17 et 18 novembre, le parquet général avait requis de rouvrir l'information judiciaire des chefs d'homicides et blessures involontaires à l'encontre des sociétés responsables de l'installation d'un réservoir additionnel de 375 litres de gasoil en dos de cabine du camion, augmentant les risques d'incendie. Il n'avait en revanche pas ciblé Mercedes.

Il s'agit de l'accident de car le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune en 1982 (53 morts, pour la plupart des enfants).

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